Intervention de Guillaume Peltier

Séance en hémicycle du mercredi 18 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Peltier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le président et monsieur le vice-président de la commission des finances, chers collègues, à l'heure où se présente devant nous le premier budget de votre gouvernement, je monte à la tribune avec l'humilité d'un jeune député de la nation qui mesure la gravité de la situation économique de notre pays et qui devine la lourdeur de votre charge. Il n'y a pas si longtemps, au milieu des années 1970, quand naissait ma génération, la France connaissait un budget à l'équilibre. Elle ne savait pas ce que les mots « dette » et « déficit public » voulaient dire. Elle connaissait le plein-emploi ou presque. Quarante ans plus tard, tel est l'héritage laissé par nos aînés : 5 millions de chômeurs, 9 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté et 2 000 milliards d'euros de dette. Autant dire que notre souveraineté budgétaire, financière et économique est entamée, abîmée et menacée comme jamais.

Je suis entré au Parlement, en juin dernier, animé par une volonté farouche et souhaitant plus que tout la réussite de votre gouvernement, au nom de l'intérêt de la France. Mais je veux aussi témoigner, à cet instant, des angoisses, des inquiétudes, de la désespérance de la France silencieuse et pourtant majoritaire, de celles de millions de nos concitoyens qui savent pertinemment que votre budget n'est pas à la hauteur des enjeux. De fait, il manque deux valeurs essentielles pour que ce soit un grand et un bon budget : le courage et la justice.

Le courage, d'abord. Nous savons qu'il est deux façons de construire un budget. La première, la plus simple, est d'augmenter les recettes, c'est-à-dire les impôts. La deuxième, plus courageuse, consiste à baisser drastiquement les dépenses publiques, en engageant des réformes structurelles que la France mérite. Parmi celles-ci, on peut citer la capacité à réformer le régime des retraites, en consacrant l'égalité stricte entre le secteur privé et le secteur public, en supprimant tous les régimes spéciaux, en engageant une réforme sur le statut de la fonction publique territoriale, en luttant de manière acharnée contre les fraudes fiscale et sociale.

Ce budget manque non seulement de courage mais, pis, il nous semble particulièrement injuste. Injuste pour les collectivités territoriales, avec les 13 milliards de nouvelles économies demandées ; injuste pour les épargnants, avec l'augmentation de la fiscalité sur le plan d'épargne logement et l'assurance-vie ; injuste pour les retraités, avec la hausse de la CSG ; injuste pour tous les travailleurs, qui verront la fiscalité du diesel augmenter – je pense particulièrement à tous les travailleurs du monde rural – et, qui pis est, n'auront pas l'honneur de bénéficier du rétablissement tant demandé, tant promis et tant mérité de la défiscalisation des heures supplémentaires ; injuste, enfin, pour notre jeunesse, et particulièrement pour les jeunes des quartiers populaires et du monde rural, à l'occasion de la réforme du prêt à taux zéro.

Oui, ce budget est hostile aux classes moyennes. Il est dicté, non pas par l'intérêt supérieur de la nation, mais par le diktat de Bercy, de la haute administration, de la haute fonction publique, qui peut se résumer ainsi : selon que vous serez puissant ou misérable, les budgets de cour vous rendront riche ou corvéable. Alors oui, au nom de tous les corvéables de France qui n'en peuvent plus de payer toujours davantage, au nom de tous les Français qui se lèvent tôt, au nom de tous les travailleurs, de tous les artisans, de tous les ouvriers, de tous les agriculteurs, au nom de tous les retraités, au nom de tous les élus locaux, qui donnent sans compter pour servir l'intérêt général et le bien commun, au nom de l'idéal de justice, nous voterons contre ce budget injuste, qui abîme de manière durable l'équilibre de notre pays.

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