Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le président et monsieur le vice-président de la commission des finances, jeune élue, j'espérais que le premier budget de ce quinquennat serait responsable, juste et efficace, pour que notre pays réussisse. Force est de constater que ce n'est pas le cas.
Pourquoi ce budget n'est-il pas responsable ? Il n'est pas à la hauteur des réformes qu'il faut conduire de façon urgente pour redresser durablement nos finances publiques, des réformes qui engagent notre responsabilité collective à l'égard des générations à venir, et ce alors même que la croissance est de retour. En effet, le budget pour 2018 consacre une nouvelle hausse du déficit de l'État, une poursuite de l'augmentation de la dette et un effort fragile, largement revu à la baisse, de diminution de la dépense publique. Ainsi, en l'absence de ces réformes structurelles, la méthode d'élaboration du budget reste dans la droite ligne de la bonne vieille politique budgétaire, faite d'ajustements et de recettes de poche.
Pourquoi ce budget manque-t-il de justice ? D'une manière générale, parce que l'on ne redistribue pas la richesse créée, et que l'on transfère de manière peu lisible des milliards d'euros d'une catégorie de Français vers l'autre. Comment dire sérieusement à nos concitoyens : « Vous gagnerez plus sur votre fiche de paye, non grâce à votre travail ou au dynamisme de votre entreprise, mais grâce à ce que nous prélèverons sur les pensions des retraités » ? En quoi cette mesure est-elle juste, efficace et bonne ? La seule mesure de pouvoir d'achat fondée sur le travail, plébiscitée, et qui figurait dans le programme de la majorité, l'exonération de charges sur les heures supplémentaires – je ne parle pas de défiscalisation – a tout bonnement disparu !
Autre exemple d'iniquité territoriale et sociale : en zone rurale, et plus encore en montagne, nos concitoyens n'ont d'autre choix que d'utiliser leur véhicule pour se déplacer. La hausse drastique du prix du diesel les pénalisera directement. L'amélioration de la qualité de l'air ne peut être un argument : pourquoi alors le ministre de l'économie n'a-t-il pas jugé inconcevable de sous-entendre, comme il l'a fait hier, qu'il était difficile de soutenir le Lyon-Turin en raison d'économies budgétaires – économies qui ne sont faites nulle part ailleurs ? Cette ligne serait pourtant la seule infrastructure à même d'inscrire notre pays dans des échanges européens durables au XXIe siècle, en renforçant massivement le fret et en diminuant réellement la pollution dans les zones urbaines, alpines et littorales.