L'histoire du désert médical en France est ancienne. L'étude de la cartographie française du XVIe siècle révèle des territoires, pratiquement les mêmes qu'aujourd'hui, où les médecins manquaient.
Plus jeune, j'ai connu un médecin qui avait connu un officier de santé encore en activité. On a toujours cherché des solutions, des martingales, pour améliorer la répartition des médecins dans le territoire. Ainsi, les officiers de santé, qui n'étaient pas diplômés de l'université de médecine mais avaient suivi des études beaucoup plus courtes, pouvaient aller soigner les gens dans les campagnes.
Puis, nous avons connu la belle période de la pléthore, avant le numerus clausus. Si on le supprimait aujourd'hui, on ne mettrait pas fin aux déserts médicaux, mais s'il n'avait pas existé, les déserts médicaux n'existeraient pas. Dans les années 1990, l'expression « désert médical » est inconnue de Google, contrairement à « pléthore médicale ». La première occurrence de « désert médical » apparaît en 2003 sur Google, au moment où les ophtalmologues allaient manquer dans le centre de Paris, au mois d'août.
C'est ainsi que nous avons brutalement compris qu'en restreignant le nombre de médecins formés à 3 500 par an jusque dans les années 2000, nous avions creusé les écarts. Les difficultés n'ont pas cessé ensuite.
La ministre l'a très bien expliqué, il n'y a pas de martingale. En revanche, des mesures incitatives pourraient donner de bons résultats. Je ne veux pas entendre ces discours selon lesquels les médecins, parce que la nation leur a payé leurs études, lui devraient tout. Pas un seul hôpital, dans ce pays, ne peut tourner sans interne en médecine. Ils gagnent le SMIC pour assurer des journées de douze heures de travail, des gardes de nuit, sauver des vies, soigner les gens.