Intervention de Francis Duseux

Réunion du mardi 12 mars 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP) :

En matière d'énergie, l'Europe est une catastrophe ! J'en veux pour exemple que les deux plus grandes économies européennes conduisent des politiques énergétiques opposées. L'Allemagne ferme son parc nucléaire, et 40 % de l'électricité provenant dans ce pays de la lignite, il en résulte un désastre en matière d'émissions de gaz à effet de serre – ce pourquoi l'Allemagne envisage, ai-je lu dans la presse, la fermeture des centrales à lignite en 2038. En revanche, si le CO2 est vraiment l'ennemi, et on peut penser qu'il l'est, la France est exemplaire. Notre part des émissions mondiales est de 0,8 % grâce à notre énergie nucléaire : c'est le record absolu de tous les pays industrialisés, alors même que notre pays est la sixième économie mondiale. À entendre ce qui s'énonce au cours des COP au sujet du réchauffement climatique, nous avons tous intérêt, pour nos enfants et nos petits-enfants, à éliminer le plus possible les émissions de CO2 ; dans ce cadre, nous pouvons servir de modèle au reste du monde.

Puisque nous sommes exemplaires, il me semble totalement inutile de vouloir aller plus fort encore, en dépensant pour cela des centaines de milliards d'euros d'une manière qui compromettra le pouvoir d'achat de la population. Plus grave mais moins visible : renchérir les coûts du transport signifie augmenter les taxes et de la sorte attaquer la compétitivité des entreprises françaises de toutes tailles puisque toutes ont besoin de transports, en amont et en aval, quelle que soit leur activité – cela vaut pour l'agriculture comme pour la grande distribution. Renchérir le coût du transport est très dangereux parce que cela plombe l'économie française dans son ensemble.

Le coût de l'énergie représente dix pour cent des coûts des industriels français. Augmenter ce coût, ce qui est l'enjeu majeur de la transition énergétique, ne peut être indolore. Le problème est de définir ce que l'on est prêt à dépenser chaque année pour changer de système énergétique.

Selon l'estimation que nous avons faite avec France Industrie, il ressort du projet de programmation pluriannuelle de l'énergie en discussion qu'il s'agirait de trouver 50 milliards d'euros par an pendant dix ans. Comme, semble-t-il, on n'ajoutera plus de taxes sur les carburants – je pense que cela a été compris, même le Président de la République le répète souvent – comment financerez-vous la somme considérable de 50 milliards d'euros par an ? Sur les fonds publics ? Je ne le crois pas. En outre, la France se doit-elle de montrer l'exemple au reste du monde ? Je ne le pense pas. Mais ne croyez pas que les pétroliers qui polluent et qui vendent des produits polluants se désintéressent de la question et prêchent pour leur paroisse : pas du tout. Il faut agir et nous avons des solutions, la meilleure étant l'économie d'énergie. Pour nous, ce qui changera tout, c'est de réduire la consommation de carburant.

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