Ce carburant n'est pas taxé non plus pour l'instant mais il existe des normes internationales de plus en plus sévères, au long des côtes américaines notamment, pour juguler la pollution, bien réelle, due au fioul lourd. Je crois qu'un cargo pollue autant que plusieurs millions de véhicules automobiles. C'est assez choquant, et des mesures sont enclenchées qui visent à réduire cette pollution en améliorant la qualité du fioul « soute ».
Pour les navires neufs, certains croisiéristes, les plus prospères, vont passer au gaz ; cela signifie que des compagnies parmi celles que je représente ont entrepris de modifier leurs équipements d'approvisionnement dans les ports. Cette solution n'est pas parfaite parce que c'est une énergie fossile, mais c'est mieux que d'utiliser du fioul « soute ». Mais cela coûte très cher et ce n'est possible que sur les navires neufs.
Pour la flotte existante, il y a deux solutions. La première est le filtrage des émissions des navires à l'aide d'épurateurs de fumées – scrubbers en anglais. On estime que les armateurs équiperont de scrubbers entre 40 % et 50 % des bateaux dans les années qui viennent. Ils n'auront d'ailleurs pas le choix, puisque les nouvelles normes leur interdiront d'émettre des particules ; les choses s'amélioreront donc ainsi. La troisième solution consiste à substituer au fioul lourd du gazole, produit beaucoup plus léger, mais cela renchérit considérablement les coûts de transport. À nouveau, une telle mesure prise seulement en France ou en Europe plomberait immédiatement les comptes de nos armateurs. Il doit donc impérativement s'agir de mécanismes internationaux.