Intervention de Didier Guillaume

Réunion du mardi 19 mars 2019 à 16h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

C'est peut-être plus difficile dans certains départements que dans d'autres, mais c'est globalement facile, dans tous les secteurs. En revanche, la conception du bio et de l'agro-écologie peut varier d'un département à l'autre. À ce stade, la mienne est la suivante : l'agriculture biologique, ce n'est pas le bio industriel importé – même si je n'exclus pas a priori l'importation, si elle répond aux normes standards, et l'industrialisation. Reste que la propension des grandes et moyennes surfaces à commercialiser toujours plus de produits bios pourrait déstabiliser le marché. C'est pourquoi la transition agro-écologique est plus qu'indispensable, plus encore que le bio – et c'est un vieux militant du bio qui vous le dit. De même qu'il faut aborder de pair la question du glyphosate et celle de la dépendance à l'égard des produits phytopharmaceutiques, il faut également envisager ensemble les questions du bio et de la transition agro-écologique : si l'un va plus vite que l'autre, il va se créer des déséquilibres et cela ne fonctionnera pas.

Je sais l'action que vous menez à la présidence du Conseil national de l'air, monsieur Jean-Luc Fugit. L'agriculture est le gage de la baisse des émissions de gaz à effet de serre et des émissions de substances polluantes – à condition de cesser les grands labours, de créer des prairies permanentes, d'instaurer la rotation des cultures et l'assolement. Rien ne garantit mieux la captation du carbone que l'élevage en prairie. Voilà ce qu'est notre agriculture. Cessons de prétendre que l'élevage est une source d'émissions de gaz à effet de serre : non ! L'élevage en prairie et sur herbe n'émet pas de gaz à effet de serre, au contraire, puisque la rotation des cultures permet la captation du carbone.

Nous travaillons beaucoup sur les scolytes, monsieur Patrice Perrot, et nous devrions aboutir prochainement. Sur la question du chêne exporté en Chine, je ne suis guère en mesure de vous répondre ; chaque année, 2,3 millions de mètres cubes de chêne sont mis en vente, dont 1,3 million provenant des forêts publiques. Environ 400 000 mètres cubes partent vers la Chine – il s'agit donc d'un volume non négligeable. En 2015, nous avons créé un label européen afin de vendre du bois public – dont une majorité de chêne – par l'intermédiaire de l'ONF ; et l'acheteur doit s'engager à le transformer dans l'Union européenne, ce qui freine la vente de bois vers la Chine.

Puisque nous parlons de bois, permettez-moi de compter sur votre aide, madame la présidente, à l'approche des grandes manifestations sportives internationales qui seront organisées en France, car nous devrons veiller à deux choses. Premièrement, il est indispensable que les bâtiments du site olympique et autres soient construits en bois ; les appels d'offres ont lieu en ce moment. Je préfère toujours le bois de construction au bois de chauffage, car il ne produit aucune émission de gaz à effet de serre. Nous devons tous nous bagarrer pour faire en sorte que les bâtiments prévus pour les Jeux olympiques de 2024 et, dans une moindre mesure, pour la Coupe du monde de rugby en 2023 soient construits en bois.

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