Intervention de Bruno le Maire

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 21h35
Commission des affaires économiques

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Manière élégante de me dire de faire court… (Sourires.) Le message a été reçu !

Monsieur Martin, Dijon a effectivement été très touchée par les événements. Leur coût pour les collectivités locales sera déduit – et je réponds ici également à Mme Pires Beaune – des augmentations de 1,2 % contractualisées dans le cadre de la DGF. N'ayez aucune inquiétude à ce sujet : c'est un engagement que le Gouvernement a pris et qu'il tiendra.

M. Vincent Rolland m'a interrogé, comme plusieurs d'entre vous, notamment Mme Marie-Noëlle Battistel et Mme Émilie Bonnivard, sur Atout France. Cet organisme relève de la compétence du ministre des affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian. Je lui demanderai donc s'il a pris des mesures pour revenir sur certaines des décisions concernant Atout France. Le tourisme, comme vous le savez, est sous la tutelle du ministre des affaires étrangères ; c'est une singularité des découpages ministériels français…

Madame Pires Beaune, j'ai répondu aux questions portant sur la dotation globale de fonctionnement et les dépenses de fonctionnement.

Monsieur Potterie, si jamais les banques ou les assurances ne coopéraient pas, il conviendrait de faire appel à la Médiation du crédit, dont le rôle est précisément de signaler une absence de réponse de leur part. À ce propos, vous me permettrez de noter que les banques ont été systématiquement la cible de dégradations et de violences. On peut voir dans les banques un symbole, mais on peut aussi – en tout cas, c'est mon cas – y voir l'une des industries les plus performantes de France, qui embauche 350 000 personnes, voire, si vous y ajoutez tous les secteurs financiers, 800 000 personnes. Celles-ci ont été particulièrement touchées et marquées par les violences dont elles font désormais systématiquement l'objet. Derrière les grandes déclarations, les grandes péroraisons révolutionnaires, il y a une réalité humaine et économique, ce sont 800 000 emplois, et des salariés parfois traumatisés par les événements auxquels elles ont dû faire face. Je veux donc les assurer de mon soutien.

Madame David, j'ai signalé à M. Nicolas Florian, le nouveau maire de Bordeaux, que j'ai rencontré la semaine dernière, le faible recours aux aides dans sa ville. Nous avons demandé aux chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) et aux chambres de commerce et d'industrie (CCI), car c'est leur rôle, de faire connaître le dispositif. Ce sera également la mission des brigades d'intervention, qui vont être mises immédiatement en place dans une dizaine de villes, dans un premier temps – comme les demandes sont fortes, je n'exclus pas de les étendre à d'autres communes.

Madame Bonnivard, je suis prêt à étudier, avec M. Jean-Yves Le Drian, toute mesure qui permettrait de revaloriser l'image de la France à la suite de ces événements, et je demanderai à mes équipes de travailler avec lui aux opérations que nous pourrions lancer, le cas échéant, pour remédier à la dégradation de l'image de la France auprès des touristes.

Madame Bessot Ballot, je signalerai à M. Spitz le risque de voir les primes d'assurance augmenter dans les prochaines semaines ou les prochains mois, et je demanderai évidemment aux assureurs de ne pas répercuter sur ces primes les remboursements qu'ils pourraient avoir à effectuer. Je pense que leurs réserves sont suffisantes pour que ces remboursements ne se traduisent pas par une augmentation des primes et par un coût supplémentaire pour la collectivité.

Monsieur Adam, Rouen a été, c'est vrai, particulièrement touchée. Dans l'agglomération rouennaise, 115 accords de délai et report d'échéances sociales ont été conclus, 23 entreprises ont bénéficié de mesures de report fiscal et 199 entreprises ont demandé une autorisation de chômage partiel – chiffre considérable à l'échelle de la région. Un représentant des commerçants de Rouen a été reçu à plusieurs reprises par Mme Agnès Pannier-Runacher avec le collectif des représentants des commerçants de centre-ville. La métropole nous a indiqué que le coût total des manifestations et des dégradations depuis le début de la crise des gilets jaunes s'élevait à 1,7 million d'euros. Si vous m'y invitez, je serai très heureux de remonter la rue du Gros-Horloge avec vous pour aller à la rencontre des commerçants.

Monsieur Labaronne, Tours a été également très touchée. Je ne dispose pas de l'évaluation de l'impact financier de la mobilisation supplémentaire de la police et de la gendarmerie pour faire face aux événements, mais je demanderai au ministère de l'intérieur de nous en indiquer le coût pour les finances publiques. S'agissant de l'information sur les dispositifs, elle doit être assurée, je le redis, par les fédérations professionnelles, les CCI, les CMA et le site internet du ministère.

Monsieur Aubert, le plan « Action Coeur de ville » vise précisément, je le rappelle, à revitaliser les commerces de centre-ville. Quant à l'impact psychologique de ces événements, nous le mesurerons évidemment à la fin de la crise, mais, vous avez raison, il ne faut pas le sous-estimer.

Monsieur Kasbarian, oui, ces événements, je le redis, ont eu un impact négatif sur l'image de notre pays. Je vais vous dire ma conviction profonde : le meilleur moyen de maintenir l'attractivité de la France, c'est de montrer que nous poursuivons une politique de transformation économique de notre pays pour créer plus de prospérité, améliorer la compétitivité des entreprises et créer davantage d'emplois. Je rencontre chaque semaine des investisseurs étrangers ; cela fait partie de mon travail – j'assistais encore récemment à une réunion avec des représentants de JP Morgan, société qui envisage de créer de nouveaux emplois en France. La seule question qu'ils me posent est la suivante : allez-vous, oui ou non, poursuivre la transformation économique de votre pays pour que la France soit ce qu'elle doit être : la première économie de la zone euro ? Nous pouvons y parvenir, à l'échéance de dix, quinze ou vingt ans : c'est à portée de main. Il suffit, pour cela, de poursuivre la transformation économique de notre pays. C'est là-dessus que nous serons jugés.

Madame Le Meur, les avances de trésorerie doivent être immédiates, faute de quoi elles perdent toute efficacité. Les commerçants ou entreprises qui rencontreraient des difficultés avec les banques doivent, je le répète, nous le signaler pour que nous puissions y remédier. En tout état de cause, je salue la mobilisation de la Fédération bancaire française pour apporter des réponses aux problèmes de trésorerie. En général, quand quelque chose ne va pas, cela me revient tout de suite aux oreilles. Or, pour le moment, on ne m'a rien dit ; j'en déduis donc que le système ne doit pas si mal fonctionner que cela.

Madame Battistel, l'enveloppe globale pour l'organisation d'animations commerciales dans les villes les plus touchées est de 3 millions d'euros. J'ai présenté le cahier des charges aux associations d'élus, et des échanges ont déjà eu lieu avec les associations locales de commerçants de centre-ville pour calibrer l'intervention de l'État. Celui-ci pourra cofinancer, grâce à cette enveloppe, des actions d'animation, d'attractivité et de communication commerciale menées par les acteurs économiques locaux pour compenser les pertes subies.

Deux questions se posent, que je laisse ouvertes : premièrement, quand devons-nous lancer cette opération nationale ? Les commerçants sont, en effet, les premiers à dire que le faire alors que les événements perdurent pourrait être contre-productif. Dont acte. Deuxièmement, les 3 millions d'euros seront-ils suffisants ? Nous verrons s'ils sont consommés ou non, mais je suis évidemment disposé à apporter des compléments si nécessaire. Nous devons tout faire pour que les commerçants puissent rebondir le plus rapidement possible. Outre ces mesures, l'opération « Action Coeur de ville » et le soutien à la trésorerie doivent nous permettre de sortir rapidement de la crise actuelle.

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