Monsieur le ministre de l'économie et des finances, certains ont tendance à croire que l'industrie serait un sujet bien trop sérieux pour être débattu par tous. Or l'industrie, l'avenir de l'usine à côté de chez nous ou à l'autre bout de la France est bien un sujet qui anime nos chaumières, mobilise les élus locaux et nationaux.
Je veux revenir aujourd'hui sur le cas de la société Ascoval, dont les salariés courageux vivent des montagnes russes émotionnelles depuis plus d'un an. Le scénario du démantèlement et de la clef sous la porte semble s'éloigner, cinq repreneurs potentiels s'étant déclarés à deux jours de l'audience devant la chambre commerciale de Strasbourg.
Il semble bien y avoir une méthode pour sauver un site industriel : que tout le monde, quelles que soient ses convictions politiques, les syndicats, la direction s'unissent dans le même but, celui de donner un second souffle à des outils industriels performants. Mais soyons tous humbles : d'autres dossiers industriels sensibles n'ont pas connu la même issue malgré tous les efforts. Je pense aux fermetures de sites stratégiques, Akers, Sambre et Meuse, des fleurons centenaires liquidés ces dernières années dans le Nord. Je pense à Arjowiggins, aux Fonderies du Poitou, à Ford, à la Sucrerie de Cagny, dont le sort reste incertain, aux familles inquiètes en pensant à demain.
Monsieur le ministre, anticiper doit être notre maître mot à tous. Il est difficile pour les régions, l'État, les élus locaux d'agir en pompiers à la dernière minute. L'industrie française ne pourra pas faire l'économie d'une intégration des considérations environnementales, terreau d'opportunités et de nouveaux marchés, et de la nécessaire digitalisation de l'outil industriel et des process de fabrication : son avenir passe forcément par là. Cette industrie du futur ne sera pas le remplacement de l'ancienne par une nouvelle. Ces solutions doivent se réaliser dans chaque territoire de France.
Pouvez-vous expliquer à la représentation nationale, monsieur le ministre, les mesures d'anticipation de la politique industrielle française afin que la fin du diesel n'ait pas de relents de fermeture des mines ? Comment mettre en oeuvre un accompagnement approprié des territoires dépendant de l'industriel qui l'abandonne ? Monsieur le ministre, l'enjeu est collectif : c'est la réussite des industriels français, leur donner envie d'investir, de faire confiance pour recruter.