Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mercredi 27 mars 2019 à 16h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Après le 16 mars, nous avions un seul objectif : que cela ne se reproduise pas. Ce fut le cas la semaine dernière, et cela doit être le cas aussi dans les semaines à venir.

Nous n'avions que peu de temps pour faire bouger un certain nombre d'éléments de la doctrine, pour la renforcer sans la changer. Les détachements d'action rapide (DAR) sont devenus des brigades de répression de l'action violente (BRAV), disposant de moyens adaptés pour viser spécifiquement ceux qui viennent semer le chaos. Nous avons choisi de donner plus d'autonomie de décision aux forces de l'ordre sur le terrain au moyen d'un quadrillage par zones et d'une responsabilisation, en faisant confiance aux décisions prises au plus près du terrain. Nous avons pris le parti des nouvelles technologies en recourant à des drones et à des produits marquants et en amplifiant le recours à la vidéo. Nous avons maintenu un objectif d'impunité zéro. Nous avons décidé de déployer plus d'officiers de police judiciaire sur le terrain et d'augmenter très sensiblement les amendes encourues pour participation à des manifestations illégales. Je sais que la garde des Sceaux partage notre volonté de ne laisser aucun acte illégal impuni. Nous travaillons main dans la main, à la Justice et à l'Intérieur, pour y parvenir.

Nous voulions des effets immédiats. Nous avons chargé Didier Lallement de s'assurer que les mesures supplémentaires décidées la semaine dernière seraient opérationnelles dès le samedi 23 mars. Cela a été le cas. Malgré une menace toujours importante et la présence, encore, d'individus déterminés à casser, l'ordre républicain a été maintenu samedi dernier. Les bonnes consignes ont été bien appliquées et les résultats sont là. Le calme a prédominé dans toutes les manifestations déclarées et les tentatives de violences, malheureusement trop nombreuses encore, y compris à Paris, ont pu être empêchées, endiguées, stoppées.

Samedi dernier, nous avons réussi à priver les ultras de leurs armes. À Paris, 8 545 contrôles préventifs ont été réalisés, dont 5 547 dans le périmètre interdit. Des armes et du matériel de protection ont pu être saisis dans toute la France, notamment dans les gares et aux péages. Les individus qui montaient à Paris avec des battes de baseball ou des projectiles et qui revendiquaient de fait leur intention de casser ont été arrêtés. Partout où des périmètres de protection avaient été décidés sur notre territoire, nous avons oeuvré pour qu'ils soient respectés. À Paris, aucune manifestation ne s'est tenue sur les Champs-Élysées et 83 personnes ont été interpellées. À Nice et à Bordeaux, de la même manière, nous avons arrêté et sanctionné tous ceux qui tentaient de contrevenir aux arrêtés d'interdiction de manifester. À Nice, 80 interpellations ont eu lieu. En ce qui concerne les heurts que l'on a pu observer à la fin des cortèges à Paris et dans quelques villes, en particulier à Lyon et plus encore à Lille et à Montpellier, où des Black Blocs s'étaient donné rendez-vous, les forces de l'ordre ont réagi immédiatement et les individus violents ont pu être interpellés. Dans toute la France, on a compté 304 interpellations samedi dernier et 262 gardes à vue.

Ce bilan montre que les décisions prises vont dans le bon sens. Cependant, personne, et nous les premiers, ne peut s'en réjouir. Je ne le veux pas, car il y a encore des violences, des individus qui se croient au-dessus du droit, au-dessus des lois, et qui veulent toujours semer le chaos. Je ne veux pas non plus me réjouir parce que je sais que ce n'est qu'un début. En matière d'ordre public, nous menons à la fois une course de vitesse, afin d'arrêter immédiatement les débordements, et un marathon pour sauver durablement les manifestations des émeutiers. Samedi dernier n'était que le début d'un travail long, qui va demander beaucoup d'efforts de mobilisation et de détermination. Nous devons rester vigilants et surtout ne pas baisser la garde face aux individus violents.

Je voudrais vous demander, sachant que nous sommes tous dans le même état d'esprit républicain, de penser aussi aux forces de sécurité intérieure. Elles sont depuis 19 semaines en première ligne face aux violences et aux insultes. Les moments qu'elles vivent sont éprouvants, mais elles tiennent bon, elles maintiennent l'ordre, elles protègent les manifestants et tous les Français avec un courage et un professionnalisme qui forcent le respect. Leur engagement est exceptionnel et je souhaite, pour clore mon propos liminaire, les remercier avec vous.

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