Monsieur le ministre, vous venez nous dire, pour la seconde fois après le 3 décembre, que vous n'êtes ni responsable ni coupable. Pour notre part, nous vous considérons coupable d'avoir mis le pays dans cette situation d'extrême violence et nous vous estimons responsable de ne pas avoir su rétablir l'ordre républicain.
Depuis dix-neuf semaines – oui, dix-neuf semaines ! –, la France, grande démocratie, se trouve confrontée presque chaque jour à la multiplication des actes de violence sur le territoire de la République. Puisque vous appelez à cette République des fusibles, que dénonçait pourtant le Président de la République à la Maison de l'Amérique latine en juillet, dans un tout autre contexte, sachez que les Français ne s'y trompent pas et vous font très clairement porter la responsabilité. Si j'en crois la dernière enquête Odoxa, ils sont 76 % à ne pas vous faire confiance. Et ils ont raison : alors que nous faisons face à un échec majeur – plusieurs milliers de blessés parmi les manifestants et 1 500 parmi les forces de l'ordre – vous nous dites, en gros, que tout va bien, et que vous avez pris les bonnes décisions au bon moment.
Nous considérons pourtant que vous avez changé à de multiples reprises de stratégie de maintien de l'ordre. C'était déjà le cas le 3 décembre. Nous estimons aussi que vous avez manqué à vos devoirs de commandement et que vous avez fait porter la faute aux services du préfet de police, qui n'ont fait qu'exécuter les ordres contraires et multiples émanant de vous depuis plusieurs semaines.
Le week-end dernier, nous avons constaté une amélioration de la situation, ce dont nous nous réjouissons. Les forces de l'ordre ont été massivement mobilisées, mais comment assurer les mêmes moyens durablement ? Comment comptez-vous payer les heures supplémentaires effectuées par les policiers, notamment ?
Par ailleurs, nous nous interrogeons sur les moyens préventifs mis en oeuvre, sur la dissolution des groupes violents, sur le renseignement.
Enfin, madame la garde des Sceaux, nous demandons des moyens plus répressifs : pourquoi n'y a-t-il pas une information judiciaire, à tout le moins une enquête préliminaire, pour association de malfaiteurs contre les groupes violents, dont vous nous dites que vous les connaissez ? Reliés sur les réseaux, ils se mobilisent ensemble et se regroupent. Par ailleurs, pourquoi refusez-vous d'instaurer des peines planchers à l'encontre des personnes qui portent atteinte à l'intégrité des forces de l'ordre, policiers et gendarmes ?