Votre Gouvernement souffre du syndrome « Malik Oussekine », du nom de ce malheureux étudiant de 22 ans, fauché en marge des manifestations étudiantes de décembre 1986. Ces dernières semaines, la peur d'une bavure vous a tétanisés et les policiers se sont plaints de ne pas avoir reçu de consignes claires. Personne ne souhaite des bavures, des blessés, encore moins des morts. Mais peut-on encore qualifier les événements du 16 mars de « manifestation » ?
Lors de l'acte XVIII, comme de l'acte II, nous avons assisté sur les Champs-Élysées à des scènes de guerre civile, d'intifada – plusieurs casseurs agitaient du reste des drapeaux palestiniens. De grâce, comment expliquer aux Français que quelques centaines de casseurs ou extrémistes de tous bords ont tranquillement, pendant des heures, dévasté la plus belle avenue du monde, notre symbole, au milieu de 5 000 policiers et gendarmes ? Nous sommes désormais la risée du monde ! Dix-neuf semaines, cela suffit ! Plus aucun magasin ne doit fermer un samedi ! J'ai aussi une pensée pour ces commerçants qui ont subi de plein fouet les atermoiements de votre gouvernement.
Lorsqu'on le veut, les dispositifs fonctionnent : cela a été le cas, et c'est normal, de ceux mis en place autour de l'Élysée et de l'Assemblée. La seule violence légitime est celle de l'État et ceux qui se livrent à des actes de violence doivent assumer le risque. Mais hélas, l'État a perdu sa force de dissuasion en matière policière et judiciaire, et les casseurs profitent aujourd'hui du syndrome « Malik Oussekine ». Il faut restaurer la dissuasion, cela relève de votre responsabilité.
Pensez-vous, oui ou non, qu'il existe une responsabilité politique ? Le magazine Le Point vient de sortir un sondage, terrible, qui montre qu'un Français sur deux serait favorable à ce que l'on nomme un militaire à la tête du pays. Cela m'inquiète, et j'aimerais recueillir votre réaction sur le sujet.
Enfin, madame la ministre, pouvez-vous nous dire si les personnes condamnées à plus de deux ans de prison ferme pourront bénéficier d'une remise de peine ?