Il s'agirait là d'une décision majeure faisant levier pour relancer le fret ferroviaire. De la même manière, il vous est demandé d'instaurer une fiscalité sur les carburants du transport maritime et aérien. Une telle mesure serait juste et écologique, tout en apportant des recettes à l'État.
Pour les transports urbains, nous demandons que les tarifs préférentiels soient généralisés, voire que la gratuité soit instaurée sur les réseaux de bus et de tramways. Cette revendication interpelle directement l'État et les autorités organisatrices de transport – régions et métropoles.
Une décision ramenant à 5,5 % le taux de la TVA sur les transports publics bus et tramways, contre 10 % aujourd'hui, ferait automatiquement baisser le prix des billets. Enfin, le déplafonnement du versement transport acquitté par les entreprises en situation privilégiée permettrait de majorer les fonds publics affectés aux transports en commun.
La loi d'orientation sur les mobilités, que nous examinerons prochainement, doit être remaniée à cet égard.
Voilà des propositions concrètes, qui vont dans le sens de la justice sociale et de la transition écologique. Pour les usagers contraints d'utiliser leurs véhicules légers, la hausse de la taxe carbone devant être derrière nous, nous demandons, outre les aides déjà mises en oeuvre, l'instauration d'un prêt à taux zéro permettant de financer le reste à charge lors d'un changement de véhicule léger, petit véhicule urbain et véhicule coeur de gamme, au simple titre de l'amélioration de la performance énergétique, sans que la nature de la source d'énergie soit un préalable.
L'important, c'est le pouvoir d'achat et la baisse des émissions de dioxyde de carbone. La motorisation essence et diesel continue d'enregistrer d'importants progrès techniques, alors que le tout électrique, très coûteux, ne présente pas, à court terme, les garanties nécessaires en termes de capacité de production, d'infrastructures de fonctionnement et – il faut le dire aux Français – d'empreinte écologique.
En second lieu, nous vous demandons de respecter dès 2020 l'objectif de 500 000 logements par an en rénovation thermique dans le parc social et privé. Le budget national de 2020 doit tout d'abord intégrer une hausse sensible des subventions de l'Agence nationale de l'habitat, et spécialement du programme « Habiter mieux », prioritairement à destination des petits propriétaires occupants, modestes et très modestes.
La réévaluation de ces subventions directes sur un ensemble de travaux techniquement cohérents est, avant tout autre dispositif, le meilleur des leviers pour appuyer l'extinction à bon rythme des passoires thermiques. Pour cela, nous préconisons d'harmoniser par le haut les taux des subventions à tous les petits propriétaires, ceux dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 45 000 euros pour un couple avec deux enfants, ce qui revient à relever le plafond actuel.
Le budget des familles est directement concerné, compte tenu du coût du logement dans le budget global des ménages. Mieux isolé, le logement consomme moins d'énergie et les charges baissent. C'est juste et écologique.
Pour accompagner ce plan, le ministère doit s'attaquer dans les mois qui viennent au chantier de la généralisation sur tout le territoire du service public de la performance énergétique, prévue par la loi de 2015, afin que ces services puissent rapidement être mis à la disposition des petits propriétaires. Nous demandons, dans ce cadre, la gratuité des diagnostics préalables aux travaux que font les opérateurs.
Concernant le logement social, ce secteur est aujourd'hui sous forte tension. Le patrimoine locatif social est toujours sous le coup des décisions gouvernementales qui pillent les caisses des organismes HLM.
Parallèlement à la baisse des mises en chantier de logements neufs, qui sont mécaniquement moins énergivores, ce sont les opérations de rénovation thermique qui connaissent un ralentissement – moins 3 % au dernier trimestre 2018 – et ce sur l'ensemble du patrimoine à l'échelle nationale. Or, vous aviez annoncé, au début de l'année 2018, des crédits supplémentaires à hauteur de 1 milliard d'euros par le biais de la Caisse des dépôts et consignations. Comment expliquez-vous ce recul ?
Il est urgent que l'État et la Caisse des dépôts et consignations dégagent des moyens nouveaux en faveur de la rénovation thermique et de l'efficacité énergétique des logements sociaux dans lesquels résident des Français dont les charges, après travaux, peuvent baisser de 15 à 20 %. C'est juste et écologique.
En matière de consommation, nous proposons d'abaisser le taux de la TVA de 5,5 % à 3 % sur les produits et services de première nécessité, parmi lesquels les produits alimentaires, bruts ou transformés, labellisés bio ou provenant de circuits courts français.
Parallèlement, nous demandons l'instauration d'un taux de TVA à 33,3 % sur les produits de luxe dont la fabrication, la commercialisation et l'utilisation donnent lieu à une empreinte carbone sans commune mesure avec leur usage. Vous êtes mandatés pour agir en ce sens à Bruxelles.
Dans le domaine agricole et industriel, nous demandons le gel des traités de libre-échange qui, à l'instar des accords avec le Canada, l'Argentine ou le Japon, déversent sur le marché français des produits dont le coût social et écologique est exorbitant là-bas et ici. Parallèlement, vous handicapez les capacités de notre pays à réorienter ses productions vers des modes de production plus écologiques, débarrassés des pesticides et des matériaux dangereux. Rien dans votre loi EGALIM – loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable – ne fait d'ailleurs baisser la facture du panier de la ménagère, bien au contraire.
Enfin, en matière d'énergie, les politiques libérales ont largement démembré le service public français d'énergie. Les outils industriels et d'approvisionnement des usagers ont été progressivement disloqués et ouverts au privé. La privatisation d'Engie est en cours et les barrages hydrauliques sont sous la menace d'une ouverture à la concurrence.
Parallèlement, pour le développement des énergies renouvelables – éolien, solaire, biomasse – , vous laissez une véritable jungle s'installer en arrosant les entreprises privées de subventions publiques. Le risque est grand de faire définitivement basculer la production, la distribution, la qualité et le coût de l'énergie dans l'anarchie de la concurrence la plus totale. Nous proposons donc de rétablir un service public de production et de distribution d'énergie unifié, élargi à la structuration d'une filière d'énergies renouvelables.
Voilà les propositions que les députés communistes soumettent au débat dans cette première intervention.