Monsieur le ministre d'État, au cours des différentes réunions du grand débat, les sujets de l'énergie sont revenus à de nombreuses reprises. Tout autant lié à la fin du mois qu'à la fin du monde, au pouvoir d'achat, à la transition énergétique, à la sécurité ou à la place du service public, le thème de l'énergie est bien une préoccupation essentielle des Français.
Vous savez, monsieur le ministre d'État, le combat que je mène, avec beaucoup d'autres, contre la mise en concurrence des barrages hydroélectriques. Ma détermination à défendre les fleurons du service public a été récemment renforcée par les décisions qu'a prises votre majorité en faveur de la privatisation d'ADP et de celle de La Française des jeux. Nous ne pouvons pas accepter qu'une telle approche financière de court terme s'applique demain à ces installations sensibles que sont les barrages hydroélectriques.
À quelques semaines des élections européennes, nous devons aussi rappeler l'Europe que nous voulons : celle qui tire vers le haut pour le bien de tous plutôt que celle qui pousse aux marchés pour l'intérêt de quelques-uns. C'est aussi cela qui ressort des débats. Je veux redire dans l'hémicycle ce que j'ai entendu sur le terrain et qui me semble être frappé au coin du bon sens.
Voici les questions posées par les Français. Puisque chacun reconnaît la nécessité d'augmenter la part du renouvelable dans notre mix énergétique, est-il sérieux de se séparer de la gestion publique du seul outil qui permet le stockage et la flexibilité indispensables à l'intégration des autres énergies propres, toutes intermittentes ? Est-il acceptable de donner les clés de notre sécurité, de la gestion de l'eau, du multi-usage de l'eau à des structures dont la recherche de rentabilité s'accompagnerait mal de l'intérêt général ? Est-il possible que nous ouvrions ainsi notre parc, en l'absence totale de réciprocité, à des entreprises étrangères ? Le principe de réciprocité, d'une manière générale, est un sujet de préoccupation dont nous a fait part la Commission européenne la semaine dernière, à l'occasion du déplacement de la commission des affaires économiques.
Reposant sur deux biens communs, l'eau et l'énergie, l'hydroélectricité doit évidemment déroger aux règles de concurrence. Monsieur le ministre d'État, êtes-vous prêt à travailler en ce sens avec les huit autres pays européens pour qu'ils nous rejoignent ?