« Quand on veut on peut, quand on peut on doit. » Ces propos de Napoléon résument fort bien l'esprit dans lequel nous nous trouvons face au défi de la fiscalité des géants du numérique que sont les GAFAM, acronyme désignant les entreprises Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
Si l'on ne prend que le cas de Google, créé en 1998, on peut noter que le moteur de recherche concentre à lui seul près de 90 % des recherches en ligne ; il indexe 130 000 milliards de pages et reçoit 40 000 requêtes par seconde. Amazon, créé en 1994, est devenu la librairie numérique la plus importante du monde. Ces GAFA, dont la capitalisation boursière dépasse les 2 000 milliards d'euros, deviennent, d'une certaine manière, plus puissants que bon nombre d'États – leur richesse dépasse, par exemple, le PIB de la Turquie, évalué à plus de 906 milliards d'euros. Leur force de frappe économique leur sert à réaliser des investissements tous azimuts, dans les secteurs des médias, des télécommunications, de la santé ou encore de l'énergie. Microsoft, Google et Facebook ont même déjà posé leurs propres systèmes de câblage en fibre optique dans les fonds marins.
Il est indéniable que ces multiples investissements renforcent toujours davantage le poids de ces géants du numérique et nous forcent à réfléchir profondément aux enjeux de leur développement pour nos économies. On sent déjà pointer un défi qui sera crucial demain, celui de l'intelligence artificielle, qu'il est indispensable de relever. Dans ce domaine, Facebook a l'objectif de doubler le nombre de chercheurs travaillant dans son centre implanté à Paris depuis 2015, ainsi que de former plus de 65 000 personnes d'ici à la fin de l'année. La tentation est grande de voir cela comme une formidable opportunité de création d'emplois pour nos territoires. Mais pensons avant tout à ce que cela implique dans la guerre économique que les nations se mènent ! Oui, il faut investir massivement dans l'intelligence artificielle et y créer de nombreux emplois, mais il faut le faire dans nos propres structures, françaises et européennes, et non dans des sociétés étrangères, notamment américaines.
Nous touchons ici le coeur de la problématique sous-jacente au développement croissant des GAFA : il en va de la souveraineté économique de nos États. Et ce ne sont pas, hélas, les 1,5 milliard d'euros d'investissements dans l'intelligence artificielle annoncés par le Président de la République qui nous permettront de relever efficacement le défi.