Pour la métropole. Mais, en creusant des puits, la faille rhénane étant longue, on peut faire de la géothermie ailleurs que dans notre territoire métropolitain. Les essais n'ont d'ailleurs pas été réalisés sur le territoire métropolitain, mais dans la commune de Soultz-Sous-Forêts, en lien avec l'entreprise industrielle Roquette.
Cette filière est vectrice d'un développement important d'emplois qualifiés et de savoir-faire exportables. Les Allemands observent notre expérimentation et notre développement afin de nous solliciter pour réaliser des puits de géothermie de leur côté. Ils peuvent en bénéficier également, et pas seulement dans la vallée rhénane. Si cette filière est soutenue, elle peut aussi offrir des débouchés à ceux qui connaissent l'exploitation souterraine du gaz ou du pétrole.
Les récentes annonces du Gouvernement dans le cadre du projet de PPE, qui a déclaré vouloir cesser tout soutien à la production d'électricité issue de la géothermie profonde, font peser sur nous – et sur le modèle économique à la base de nos calculs pour la construction de ces puits – une menace et nous mettent complètement en suspens. Nous pourrons réaliser les puits dont la construction est engagée, mais les deux autres sont remis en question. Nous reconnaissons que le prix de rachat 246 euros le MWh, fixé aux termes d'un accord visant à inciter les industriels à s'engager dans la filière avec un certain degré de sécurité, est élevé. Aujourd'hui, la sécurité est réelle, le retour sur investissement rapide, mais il faudrait trouver des modalités de lissage pour ne pas arrêter brutalement des projets considérés comme étant d'un niveau économique suffisant. Abaisser les tarifs de rachat serait une solution. Cela inciterait les opérateurs à fournir plus de chaleur et répondrait aux impératifs d'économie du Gouvernement tout en préservant la filière.
La problématique des filières d'énergie renouvelable, c'est leur modèle économique. Je peux dire aujourd'hui, après avoir travaillé sur ces sujets au niveau européen, que nous ne sommes pas assez sensibles à l'intégralité de ce qui est nécessaire pour créer le meilleur écosystème possible pour les énergies renouvelables, à savoir, le soutien à l'innovation, un déploiement rapide, des mesures réglementaires favorables, le recours à la commande publique. C'est pourquoi nous avons décidé, avec l'Eurométropole, de nous orienter vers un portage de l'investissement dans les tuyaux de nos réseaux de chaleur pour soulager la portée de l'investissement des concessionnaires qui fourniront cette énergie et favoriser ainsi l'équilibre des coûts. Nous porterons la part du fardeau. Nous pouvons le faire. Ce sera très coûteux, mais la durée d'amortissement des réseaux à construire pour acheminer la chaleur fatale peut atteindre quarante ans. Or on ne peut pas demander à un concessionnaire sur vingt ans de porter le même investissement sur une période aussi courte.
C'est la raison pour laquelle nous avons beaucoup plaidé auprès du ministre pour qu'on ne nous impose pas des dispositions qui nous fragiliseraient et qui fragiliseraient la filière et pour qu'il ouvre des discussions avec nous en vue de trouver les meilleures solutions en termes de prix, de retour d'investissement et d'efforts partagés.
Quant au projet industriel avec l'aciérie de Kehl, dont les fours électriques particulièrement efficaces consomment en une journée le potentiel électrique de la ville de Stuttgart, il pourrait fournir une grande partie de notre besoin, en produisant une chaleur comparable à celle de la géothermie, à 200 degrés. Nous sommes en discussion. L'opération peut être « gagnante-gagnante » avec le Land, le ministère, l'ADEME, son équivalent allemand, et un accord de garantie auquel nous sommes en train de travailler.
En ce qui concerne la source la plus importante, l'usine d'incinération, après avoir été longtemps à l'arrêt pour des raisons liées à l'amiante, elle va redémarrer prochainement et pourra fournir 20 000 équivalents logements. Nous ne pouvons pas basculer la géothermie uniquement sur la chaleur puisque nous avons cherché à récupérer cette énergie fatale.
Un opérateur énergétique a découvert, en développant une action de mutualisation et de coopération d'écologie industrielle, de l'hydrogène fatal sur le territoire portuaire. Nous installerons prochainement la première pompe qui alimentera des véhicules du Parlement européen. Ce qui est dommage, c'est que ce sont des Mercedes !