Il existe un potentiel important en termes de ressources, qu'il s'agisse de la biomasse ou de l'énergie fatale gaspillée. Par conséquent, les démarches de mutualisation, qu'elles soient entreprises au niveau d'une plateforme industrielle ou au niveau d'un territoire, sont extrêmement porteuses. Pour la chaleur renouvelable, il n'y a pas de problème de ressources ni même de mécanisme.
Le mécanisme du fonds chaleur fonctionne. Le moteur a bien fonctionné mais il est en panne d'essence en raison des effets de la chute du prix des énergies fossiles sur la compétitivité relative. On en est aujourd'hui à dire : qu'est-ce qui va décider un client à se lancer dans un projet de cette nature ? Ce client dit : si je veux me lancer dans un projet de chaleur renouvelable, je dois m'engager financièrement sur quinze, vingt ou vingt-cinq ans ; quelle sera ma contrepartie, au-delà d'être climatiquement responsable ? Si vous êtes une collectivité, vous avez des contraintes budgétaires, si vous êtes un industriel, vous évoluez dans un contexte de compétitivité, si vous êtes une personne physique desservie par un réseau de chaleur, vous avez tout simplement un problème de pouvoir d'achat. Qu'est-ce qui peut inciter des gens à s'engager dans des projets longs, dans un contexte dépourvu de perspective de croissance du prix des énergies fossiles ? Aux époques du pic pétrolier et du pic gazier, on pensait que les énergies allaient devenir rares, donc de plus en plus chères, ce qui incitait à se décider sans tarder afin de générer des économies.
De même, concernant la fameuse contribution climat énergie, on prévoyait que ça allait augmenter indéfiniment, et nous sommes aujourd'hui, comme on dit, dans un scénario flat. Pour que les gens décident de s'engager, le mode de calcul aujourd'hui retenu par l'ADEME tendant à dire qu'il faut être 5 % moins cher que le gaz n'est plus suffisant. Il faut aussi que le prix du gaz reflète bien la réalité du marché. Nous avons engagé une réflexion avec l'ADEME en vue de définir le prix de référence du gaz à retenir pour le calcul des opérations. Il ne faut pas attendre car les projets mettent du temps à surgir.
Nous avons été très heureusement surpris en lisant l'introduction de la PPE. Elle énonce deux objectifs. Le premier est la décarbonation, laquelle concerne chaleur et transport, qui représentent les trois quarts des consommations énergétiques en France. Le second objectif est un « coût collectif maîtrisé ». C'est la réaction aux problématiques qui se sont exprimées dans la rue. On ne peut pas faire n'importe quoi à n'importe quel prix, ce qui était un peu une tendance des dernières années. Tout naturellement, dans ce chapitre introductif, deux typologies de solution sont mises en avant : la chaleur renouvelable et les économies d'énergie ayant une rentabilité intrinsèque possible, ce que les auteurs appellent la « rénovation technologique et comportementale ». Le discours politique et médiatique reste axé sur l'électricité renouvelable et l'isolation des bâtiments. Enfin, la programmation pluriannuelle dit que cela coûte trop cher et qu'il convient de se concentrer sur les opérations efficientes et efficaces. Nous étions très contents de lire cela. Mais, en découvrant le contenu de la PPE, on s'aperçoit qu'elle ne tient pas compte de cette inflexion. Les chiffres sont identiques, l'allocation des moyens n'est pratiquement pas abordée et la suspension de la contribution climat énergie n'est pas traitée dans ce document.
Vous aurez compris de l'ensemble de nos interventions que le sujet n'est ni quoi faire ni comment, mais quels moyens mettre à disposition pour que ça se passe. C'est facile, car il y a beaucoup d'argent sur la table. C'est une simple question de réallocation des moyens. Il est devenu difficile de parler de taxation carbone, mais il faut continuer à parler de valorisation carbone. Cela correspond à une importante préoccupation de nos concitoyens sur des problématiques climatiques. Les gens sont bien conscients qu'il existe un risque, qui pourrait avoir demain un coût très élevé. Compte tenu du principe pollueur-payeur, à un moment donné, il faudra bien tenir compte de cette valorisation carbone, peut-être pas sous forme d'une taxe. Il faudra la gérer de façon astucieuse, mais il ne faut pas abandonner ce sujet. Nous espérons que le Grand débat aura été l'occasion de le faire. La FEDENE a produit une douzaine de fiches d'information sur ces thématiques, afin que les gens disposent de ces éléments.