La première, c'est la baisse du pouvoir d'achat de beaucoup de nos concitoyens depuis la crise financière de 2008 dont, dix ans après, nous n'avons pas fini de subir le choc. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2016, le pouvoir d'achat par habitant était toujours égal à sa valeur de 2010, alors que, pour la même période, il progressait en Allemagne de plus de 7 %. Cela parce que le chômage a augmenté de plus de deux points entre 2008 et 2016 ; parce que la croissance a stagné ; enfin parce que les impôts ont continué à augmenter sans interruption.
La deuxième cause, c'est, après des années de crise ou de croissance molle, la conviction, terrible, qui s'est installée chez des millions de Français, que leurs enfants – nos enfants – vivront moins bien qu'eux, que les inégalités, les injustices s'accroissent, se figent et se transmettent et qu'au fond la réussite ne dépend pas des mérites individuels mais du milieu de naissance ou du lieu de résidence ou, plus exactement encore, que les mécanismes qui avaient vocation à corriger ces biais ne fonctionneraient plus avec l'intensité voulue. Dans une République qui a fait de la promotion sociale sa promesse – et peut-être sa promesse fondamentale – , cette inégalité de destin est la pire des injustices.