Jamais, pourtant, une majorité n'avait été si peu écoutée par son gouvernement. On nous a beaucoup parlé de nouveau monde, de nouvelles pratiques, mais vous n'avez fait que reproduire de vieilles et mauvaises habitudes.
Vous avez pris nos alertes pour des attaques, qu'il s'agisse de la CSG, des 80 kilomètres heure, de la fracture territoriale ou encore de la réduction des dépenses publiques insuffisante pour baisser les impôts. Vous n'avez pas su entendre ce que nous disions et qui hélas allait déboucher sur les gilets jaunes.
Rien ne serait pire que de repartir sur les mêmes travers. J'espère que vous en êtes conscients. La capacité d'écoute qu'a voulu montrer le président de la République ne doit pas être une façade ni une passade. Il doit l'adopter chaque jour, à chaque heure de son mandat, et son gouvernement et sa majorité avec lui.
L'écoute doit sans plus attendre être traduite en actes qui doivent donner des résultats, sans quoi les pires aventures sont désormais possibles. Autrement dit, il n'y a ni ancien ni nouveau monde, il n'y en a qu'un seul et nous en faisons tous partie. Les rustines ne suffiront plus : il faut construire un nouveau projet national dans lequel les efforts sont justifiés et équilibrés, et qui réconcilie le peuple avec ses représentants et l'administration.
Loin des exigences médiatiques des effets d'annonce dont certains sont si friands et que demande en permanence la presse, loin du diktat du buzz quotidien, rebâtir ce projet prendra du temps.
Mais heureusement, dans un endroit en France, ce grand débat se poursuivra. Monsieur le Premier ministre, j'espère que, désormais, vous saurez y entendre les doléances des citoyens, les propositions, les confrontations d'idées, les pistes d'améliorations et les voies pour éviter l'échec. Cet endroit, monsieur le Premier ministre, profitez-en, c'est le Parlement.