Depuis trop longtemps, la France n'avait plus la parole. Elle l'a reprise, sans attendre que le Président de la République lance cet exercice démocratique inédit qu'est le grand débat national. Des hommes et des femmes en gilet jaune ont investi les ronds-points, partout dans nos territoires, pour dire qu'ils n'arrivaient plus à vivre décemment, que leur existence leur semblait dépourvue de perspectives.
Depuis vingt et une semaines, chaque samedi, ils ont exprimé leur défiance mais aussi leur volonté d'être davantage considérés et associés aux décisions qui permettent de bâtir notre avenir commun.
Ce qui était tu, étouffé ou qui n'avait jusqu'ici reçu pour seule réponse que l'indifférence a rejailli. La peur du chômage, les fins de mois de plus en plus difficiles, l'inquiétude face à la mondialisation, les fractures territoriales, la mainmise de la technocratie, le malaise démocratique et le sentiment que les richesses étaient confisquées par quelques-uns se sont ainsi révélés au grand jour.
Mais, disons-le clairement, ce que la France nous dit avec force depuis plusieurs mois ne peut pas se résumer aux seules revendications des gilets jaunes. La France, ce sont aussi les silences anxieux mais pudiques de millions de Français qui voient leur pays refuser le changement, qui sont partagés entre la peur du déclassement et la conviction que leur pays est encore grand.