… quand vous vous enorgueillissez d'un bilan, catastrophique, de plus de 8 000 personnes interpellées, dans leur grande majorité de manière abusive, auxquelles s'ajoutent plus de 2 000 blessés, des centaines de mutilés, une personne décédée, Zineb Redouane, dont vous ne daignez toujours pas prononcer ne serait-ce que le nom. Cette répression sans équivalent dans l'histoire récente de notre pays nous vaut des condamnations internationales pour violation des droits humains.
Le mépris, enfin, c'est quand le monarque tente de nous la faire à l'envers, avec un « grand débat » qui n'a de débat que le nom – en réalité, une opération de communication électorale – où il fait les questions et livrera les réponses, selon son bon vouloir. En attendant que la parole présidentielle ruisselle jusqu'à nous, nous voilà convoqués autour d'un Premier ministre transformé en bateleur de foire et invités à disserter encore et encore, sans rien pouvoir décider.
Ce grand bla-bla national est à l'image de votre inconséquence politique. Vous posez des questions aux formulations biaisées pour obtenir les réponses attendues, qui conforteront vos errements politiques. Il en va ainsi, par exemple, quand vous demandez aux citoyens et citoyennes ce qu'il convient de faire pour protéger la biodiversité « tout en maintenant des activités agricoles et industrielles compétitives par rapport à leurs concurrents étrangers ». La protection de la biodiversité est ainsi subordonnée au fait que les mesures qui pourraient être adoptées ne déstabilisent surtout pas le libre-échange. Bref, racontez ce que vous voulez, mais surtout, surtout, pas touche au CETA – accord économique et commercial global – , au TAFTA – partenariat transatlantique de commerce et d'investissement – et au JEFTA – traité de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne !
Au fil des questions, vous avez sciemment réduit l'enjeu global, structurel, de la transition écologique à une question de responsabilisation des comportements individuels : changer de voiture, de chauffage, trier ses déchets, petits pas, petits pas, bla-bla, bla-bla... Vous avez systématiquement exclu du débat les véritables responsabilités : celles des inégalités économiques et sociales qui favorisent les dégradations environnementales, et vice versa ; celles des riches qui accaparent richesses et ressources et exercent les effets les plus négatifs sur l'environnement. Cent entreprises multinationales sont responsables de plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre, et 0,5 % des plus riches, de 13 % des émissions de CO2 liées au mode de vie, alors qu'on ne peut imputer aux 50 % les plus pauvres que 10 % d'entre elles.
Voilà pourquoi, entre autres, nous n'attendons rien de ce non-débat. Nous savons en effet que quand le verbe macroniste se fait chair, la politique du « en même temps » se traduit toujours par du grand n'importe quoi. Le grand n'importe quoi d'une fiscalité prétendument écologique qui augmente le prix du carburant domestique mais refuse de taxer le transport maritime ou le kérosène aérien, pourtant bien plus polluants. Le grand n'importe quoi d'une politique qui prétend contrôler les émissions de gaz à effet de serre des avions en privatisant les aéroports de Paris. Le grand n'importe quoi d'un gouvernement dont les membres paradent lors de la mobilisation pour le climat…