Car qu'est-ce, je vous prie, que l'autoentreprise, sinon le travail à la tâche ? C'est ce que faisait le docker du XIXe siècle quand il prenait la file pour essayer d'avoir du travail. Le premier qui a réagi contre l'excès du recours au travail à la tâche est le roi François 1er. Ce n'est donc pas, comme vous le prétendez une guerre de religions franco-française : c'est une analyse de la nature du travail.
Le législateur peut en effet constater que les moeurs conduisent ceux qui vivent dans un océan de chômage à préférer le statut d'autoentrepreneur à celui de chômeur. On peut parfois n'avoir du travail qu'en adoptant le statut d'autoentrepreneur. Mais nous, législateur, pouvons-nous perdre de vue le sens que nous donnons au travail et à la création de richesses, qui n'est pas que de la « création de valeur », comme vous dites ?
L'autoentreprise, c'est la conséquence finale de la théorie du ruissellement et de la baisse du prix du travail. La grande entreprise se recentre sur ce qu'elle appelle son coeur de métier et ensuite elle vend à la tâche tous les compartiments de son activité réelle.
Quelqu'un a-t-il constaté dans ce pays une quelconque augmentation de la production depuis qu'il existe des autoentrepreneurs ? Non ! Jamais ! Aucune !
De compartiment en compartiment, on en arrive finalement à une personne toute seule, qui vend son aptitude au travail.
La même chose était déjà réalisée dans le collectif de travail. Les grandes entreprises ont plus de stabilité quand elles couvrent l'ensemble du champ qui correspond à la qualification de ce qu'elles produisent que quand elles le resserrent à un seul compartiment. Ainsi Alstom était plus stable quand elle avait sa filiale hydraulique GE Hydro.