Je m'inscris en faux contre l'idée d'un échec de l'ARENH. Ceux qui l'affirment ont d'autres visées que celle d'analyser loyalement l'ARENH.
Trois objectifs lui étaient assignés : premièrement, la compétitivité rendue aux consommateurs. Il s'agissait d'une inquiétude au moment de la loi NOME : l'électricité nucléaire qui serait vendue aux fournisseurs serait-elle bien rendue aux consommateurs ? Tout le monde reconnaît que cela a bien fonctionné. Deuxièmement, cela allait-il permettre de développer la concurrence ? Insuffisamment, à notre goût, mais cela a permis de relancer le développement commercial de Direct Énergie. Juste avant la création de l'ARENH, la situation économique était telle que nous avions arrêté notre développement commercial. L'ARENH a permis de relancer l'activité de fourniture au détail en aval. Force est de constater que, depuis sa mise en oeuvre, le nombre de concurrents a augmenté. Ce point ne fait donc aucun doute.
Le dernier objectif était l'incitation à la production. Le fait d'être producteur peut être intéressant, peut être un droit, mais ne doit pas être une obligation. Il ne faut pas oublier que la production et la fourniture sont deux activités totalement dissociées. Je tiens à préciser une chose : la production peut soulever nombre de sujets un peu techniques et complexes de mise en oeuvre de la concurrence : autour de la spécificité du nucléaire, autour des renouvelables, qui sont des filières subventionnées, autour des concessions hydroélectriques ou encore autour de la question de la sécurité de l'approvisionnement, qui est un bien public. Tout cela fait que la concurrence dans la production est certes un peu compliquée, mais que, dans la fourniture, ce devrait être très simple et immédiatement bénéfique au consommateur, à la fois en termes de prix – même si la part fourniture dans le tarif n'est pas prépondérante –, mais également en termes d'innovation.
Dire que l'ARENH n'a pas incité les opérateurs à investir dans la production, en tout cas pour ce qui nous concerne, est radicalement faux. Grâce à l'ARENH, nous avons pu relancer notre développement commercial et lancer une stratégie d'intégration vers l'amont qui nous a permis d'atteindre plus de 800 MW de production d'énergies renouvelables. Nous investissons 200 millions d'euros dans des énergies renouvelables par an actuellement. Nous avons pu également nous lancer dans la production d'électricité à partir de gaz avec des cycles combiné gaz. Nous disposons aujourd'hui de trois cycles combinés gaz, un quatrième est en projet à Landivisiau, qui représente un investissement de 450 millions d'euros.
Ne serait-ce qu'en termes d'investissement pour les trois prochaines années, le groupe investira plus d'un milliard d'euros dans les éléments liés à la transition énergétique : le renouvelable et les cycles combinés gaz qui, grâce à leur flexibilité, garantissent la sécurité de l'approvisionnement. Tout cela est rendu possible par l'ARENH. Dès lors, affirmer que l'ARENH n'a pas fonctionné est un peu étonnant.
Qu'est-ce qui, éventuellement, n'aurait pas fonctionné dans les investissements qu'on attendait suite à la création de l'ARENH ?
S'agissant des concessions hydroélectriques, ce n'est pas à vous que je dirai, madame Battistel, pourquoi nous n'avons pas le droit d'investir dedans. J'ajoute « malheureusement » dans la mesure où nous avions des projets intéressants pour augmenter le productible des concessions en faveur de la collectivité. Je vous rappelle qu'il est prévu de rendre à la collectivité le bénéfice des concessions électriques, ce qu'on appelle la rente hydroélectrique, via une redevance, de la même manière que l'on rend l'avantage de l'ARENH au dispositif ARENH.
Il y a le nucléaire mais le nucléaire est un monopole en France. Nous ne pouvons pas investir dans le nucléaire et quand bien même le pourrions-nous, je ne suis pas certain que ce serait aisé !
Dire aujourd'hui que l'ARENH n'a pas rempli ses trois objectifs, de notre point de vue, est totalement faux. On ne peut pas entendre cela !