Une légère remontée s'est en effet produite récemment, qui traduit peut-être la difficulté de déployer les énergies renouvelables dans le pays. Il s'agit d'un sujet qu'il convient d'aborder sérieusement. Mais pour l'instant, je me réfère aux propos du président de la CRE, qui a indiqué que l'on se situait dans un bandeau de 60 à 80 euros du mégawattheure pour toutes les énergies renouvelables ayant un effet de masse.
Pour ce qui est de l'offshore, l'État a fait sa propre éducation de la levée des risques. En réalité, les financements sont la clé des coûts pour l'offshore. Or tous les risques ont été laissés aux opérateurs, y compris des risques de recours. Les coûts ont donc crû pour cette raison. Si l'État garantit par exemple avec RTE le seul fait de raccorder aux lignes électriques terrestres au moment où l'installation est terminée, alors ce seul fait permet de faire baisser fortement le prix, en enlevant un risque majeur pour l'opérateur et les financeurs. Aujourd'hui, il n'existe pas de prix connu pour l'offshore, car l'appel d'offres public de l'État sur Dunkerque, pour lequel Engie a concouru, n'est pas encore dépouillé et est en cours d'examen. Mais je pense qu'il n'y a aucune raison que les coûts ne se situent pas dans le bandeau évoqué par M. Carenco.
Nous sommes dans une situation où chaque technologie décroît en prix à une vitesse différente. Le solaire est le domaine dans lequel les prix ont le plus décru, en raison notamment de l'importation de panneaux chinois et de l'amélioration des technologies. L'éolien décroît aussi, grâce à l'amélioration de la qualité des turbines, qui font moins de bruit et sont plus puissantes. L'offshore diminue aussi car on est en train, comme je vous l'expliquais, de « dérisquer » l'environnement autour des projets.
Je suis pour ma part très confiant vis-à-vis du croisement des courbes, à un horizon variable selon les technologies. Le photovoltaïque sera probablement l'une des premières énergies pour laquelle le croisement va s'opérer.
Vous avez, monsieur le président, posé la question des prix de marché : que se passerait-il s'il advenait qu'ils baissent ? Honnêtement, aucune étude sérieuse sur la plaque européenne ne prévoit aujourd'hui de baisse de prix, en raison de la pénurie d'énergie électrique dont je vous ai parlé et qui va se faire sentir à partir de 2023-2024. Le déclassement des centrales à charbon allemandes, qui est programmé, tout comme la fermeture d'un certain nombre de sites nucléaires en Europe et le déclassement de certaines vieilles centrales à gaz, font que l'on se dirige selon nous vers un maintien des prix. Je ne crois pas que ce soit le risque principal, au contraire. Notre sentiment est plutôt qu'en dehors de la couche de nucléaire de production française d'électricité, qui constitue le socle de cette production pour de nombreuses années encore, il est très important de disposer d'une deuxième couche composée d'énergies renouvelables, qui soit suffisamment massive pour sécuriser l'approvisionnement électrique de la France et éviter une flambée des prix pour le consommateur.
C'est là notre conviction. L'intérêt de cette deuxième couche d'EnR, qui viendrait s'additionner à celle du nucléaire, serait de permettre le foisonnement. En effet, nos éoliennes en Bretagne ne tournent pas en même temps que celles installées dans la région Provence-Alpes-Côte-D'azur : le climat français est complexe et cette diversité fait que tous les équipements ne fonctionnent pas en même temps. On a donc tout intérêt à organiser le foisonnement des technologies et des sites pour être statistiquement sûr qu'une source d'énergies renouvelables fonctionne toujours quelque part.