Nous partageons toutes ces inquiétudes, que nous avons mises en relief dans nos présentations. Concernant les AEMO, Didier Lesueur vous a cité un chiffre : deux heures par enfant, par mois.
Nous nous interdisons un peu d'aborder la question des moyens, car derrière cette question, il y a le « comment ». Mais je ne peux pas ne pas rappeler que, depuis la décentralisation, tous les ans, les moyens mis à disposition de l'aide sociale à l'enfance ont considérablement progressé ; c'est une réalité à mettre à l'actif de la décentralisation. Les élus locaux n'ont pas fui leurs responsabilités. Et s'il est incontestable que plus de moyens sont nécessaires, nous disposons de l'un des systèmes les plus performants au monde, y compris dans cette dualité entre la justice et la décentralisation.
Le système est perfectible et nous manquons de vigilance pour l'améliorer. Nous devons, par exemple, développer toutes les problématiques d'évaluation, de mesures de l'efficacité des moyens octroyés à l'aide sociale à l'enfance ; d'énormes progrès sont à réaliser.
La question des repères, qui sera le thème des assises nationales de la protection de l'enfance qui se tiendront à Marseille cet été, reste une question majeure. Même les professionnels sont en manque de repères : comment remettre un enfant en capacité de bien résister à toutes les agressions de la vie ? Ce manque de repères explique parfois la passivité de certains travailleurs sociaux : ils sont démotivés.
J'en reviens au déficit de projet collectif de notre société, à la question de l'envie de vivre ensemble, à celle du bien commun. Ce sont des questions considérables. Bien entendu, elles soulèvent des problèmes d'ordre économique que nous ne nions pas, mais il est nécessaire de lancer un appel collectif à la responsabilité que nous avons tous en matière de vivre-ensemble et d'enfance.
Enfin, il est indispensable de réactiver un véritable bénévolat dans notre pays. Si les statistiques indiquent qu'il existe beaucoup de bénévoles, ces derniers sont affectés à des tâches ludiques ; nous manquons de bénévoles responsables, ce qui soulève la question du rôle des personnes âgées dans la société française. Nous disposons de personnes extrêmement disponibles en termes d'expérience et de repères et à même d'apporter une aide aux professionnels et aux familles dans leurs démarches de resocialisation.
D'ailleurs, parallèlement à la recherche-action que l'ODAS mène sur l'école, nous avons engagé, avec un certain nombre de collectivités locales, une recherche-action sur le rôle des personnes âgées dans la société, avec un rêve un peu fou : faire de chaque personne âgée un acteur éducatif.