Il s'agit encore d'un amendement de suppression. Malgré vos efforts louables, en effet, monsieur le président de la commission, vos déclarations n'ont pas réussi à rassurer. Il ne s'agit du reste pas de rassurer : nous n'avons pas la même compréhension du sens que nous voulons donner à cette reconstruction. Nous ne pouvons pas adhérer à ce non-respect du droit, notamment de toutes les normes vertueuses qui permettent d'encadrer d'un point de vue financier, démocratique et environnemental, l'édification ou la restauration de bâtiments, et cela d'autant plus que Notre-Dame symbolise, par ses prouesses techniques et humaines, ainsi que par la richesse exceptionnelle de son architecture et de son ornement, une victoire de la pensée et de la technicité humaines.
Notre-Dame était l'incarnation d'un temps nouveau qui commençait et il est fondamental que sa reconstruction se fasse dans un esprit qui respecte les grandes questions qui animent aujourd'hui le débat public. De notre point de vue, les questions environnementales, éthiques, démocratiques et sociales ne sont pas un à-côté, mais elles doivent faire partie fondamentalement du projet. L'édification de ce monument a duré 107 ans et c'est un péché d'orgueil que de prétendre pouvoir le restaurer en cinq ans, surtout pour des motifs absolument utilitaristes – ce délai de cinq ans correspond, en effet, simplement à l'ouverture des Jeux olympiques. Tout cela, comme je l'ai dit, dégrade la portée du geste.
Ce projet de loi présenté en urgence symbolise un empressement de mauvais aloi. Plutôt que de nous en tenir à la réaction d'urgence, nous pensons que le Gouvernement ferait mieux d'anticiper, en donnant par exemple des moyens suffisants au budget de la culture. Cela est d'autant plus vrai que les dérogations sont inutiles. En effet, monsieur le ministre, vous évoquiez tout à l'heure l'INRA, comme le seul organisme capable de réaliser les fouilles. Si tel est le cas, il remportera l'appel d'offres et il n'est donc nul besoin de prévoir une procédure dérogatoire. C'est la raison pour laquelle nous maintenons cet amendement de suppression.