À mon tour, monsieur Libault, je tiens à vous féliciter pour la qualité de vos travaux. Ce rapport résulte d'une construction commune menée par de nombreux acteurs, des mois durant. Nul doute qu'il fera date pour sa clarté, la finesse de son analyse, mais aussi l'audace et l'exhaustivité de ses propositions en matière de prévention, de consolidation du maintien à domicile, d'attractivité, de valorisation professionnelle et de création de nouveaux métiers, mais également de soutien aux proches aidants.
Jusqu'à présent, les nombreux rapports et les tentatives de légiférer sur le sujet ont achoppé sur la question du financement. Vous envisagez la perte d'autonomie comme un cinquième risque devant être porté par la solidarité nationale et devant faire l'objet d'un examen dans le cadre du PLFSS. Vous proposez de réaffecter des ressources publiques à ce risque, sans hausse des prélèvements obligatoires. Ceci se déclinerait en deux temps. Avant 2024, il s'agirait d'affecter au financement de la dépendance les excédents du régime général de la sécurité sociale, mais également de prioriser, dans l'ONDAM, l'enveloppe liée aux dépenses consacrées aux personnes âgées et d'opérer un décaissement du fonds de réserve pour les retraites. Après 2024, la CRDS serait réattribuée au financement de la dépendance. Nous nous interrogeons sur les marges de manoeuvre réelles dont nous disposerons, particulièrement avant 2024. En effet, le gouvernement a décidé de déroger à la règle de compensation des exonérations du budget de la sécurité sociale. En outre, les excédents de la sécurité sociale que vous entendez mobiliser sont encore virtuels.
La philosophie profondément humaine qui sous-tend ce rapport fait, je crois, l'unanimité des acteurs. Elle appelle à changer de regard sur le grand âge, à inclure pleinement nos anciens dans la vie de la Cité et à les rendre acteurs de leurs choix. Nombre de nos concitoyens souhaitent finir leur vie dans leur environnement familier. Ceci implique une restructuration des acteurs de l'aide à domicile.
Enfin, le changement de regard sur le grand âge et le maintien à domicile soulèvent un enjeu de dignité et d'humanité, qui constitue sans doute l'un de nos plus grands défis.