Je trouve cette motion assez dure. Nous pouvons avoir des regards politiques différents, mais je suis profondément gênée par votre approche. D'abord, c'est une approche quasiment exclusivement comptable. Vous parlez de déficit public, faisant ainsi écho à la proposition de votre candidat à l'élection présidentielle de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires. Vous prônez à demi-mot une réduction extrême du périmètre des fonctions publiques statutaires, alors que tout l'enjeu du statut est de préserver la neutralité, la compétence et l'intégrité des agents. Je suis d'autant plus surprise de vous entendre parler ainsi que vous connaissez très bien ces sujets. Vous évoquez l'insuffisance du temps de travail et la nécessité de passer de 35 à 39 heures, à la différence des autres Français. Cela m'étonne !
En réalité, vous opposez contractuels et fonctionnaires, sphère privée et sphère publique. Je le regrette : nous nous opposons à ce clivage. Cette approche, qui prévaut depuis une bonne dizaine d'années, contribue au « fonctionnaire bashing », avec ses sous-entendus difficilement audibles. Les agents de la fonction publique, c'est la conviction, l'engagement, la proximité, le quotidien pour tous les Français. Notre approche consiste plutôt à faire confiance aux agents et aux employeurs publics pour leurs choix de recrutement, à laisser la possibilité de choisir son destin professionnel, à réunir la sphère publique et la sphère privée autour du travail, plutôt qu'à diviser. Enfin, notre approche, c'est l'accompagnement accru, la reconnaissance de la précarité, la constitution d'outils de management, la formation, la reconnaissance des attentes des élus locaux. En définitive, notre approche, c'est l'adaptation à l'évolution de notre société, ce qui nous paraît beaucoup plus humain que ce que vous proposez dans votre motion. Avis défavorable.