Les filières qui parviennent le mieux à négocier sont celles qui sont structurées depuis déjà quelques années – celle du comté par exemple. Certaines se lancent dans la valorisation d'autres éléments que le produit brut – chartes d'engagement environnementaux, charte LU'Harmony pour la filière céréalière… –, ce qui leur permet de majorer quelque peu leurs prix et d'absorber les charges supplémentaires supportées par les exploitations.
Des enseignes de GMS se sont engagées à valoriser ces aspects avant les négociations. Ces contrats ont été signés pour la production de 2019. Nous pourrons juger de leur mise en oeuvre à l'issue de la moisson de 2019.
Les négociations sont plus ardues pour les filières qui ont besoin de se structurer. C'est pourquoi il nous faut des organisations de producteurs fortes. Nous leur accordons un rôle important. Elles doivent pouvoir réaliser des opérations commerciales dans les meilleures conditions, et les producteurs doivent pouvoir leur faire confiance. Les coopératives ont été créées à cette même fin, pour peser dans les discussions et offrir un meilleur revenu aux producteurs.
La transparence peut être difficile à appréhender car, dans la filière laitière par exemple, le prix payé au producteur résulte d'un mix de lait d'exportation, de poudre de lait, de beurre, etc. Il faut se plonger dans les livres de comptes pour faire la lumière sur ces aspects. Seuls des comptes synthétiques nous sont présentés en assemblée générale, et rares sont les producteurs qui se rendent au siège de la coopérative pour demander des détails complémentaires. Peut-être des OP ou des groupements d'agriculteurs pourraient-ils y procéder. Cela demande toutefois une expertise assez fine, tant le marché est complexe. C'est pourquoi nous devons pouvoir faire confiance à notre coopérative. La confiance est indispensable. Les filières qui dégagent des revenus pour leurs producteurs reposent d'ailleurs sur deux leviers : la confiance et la sanction.
J'en viens au fonctionnement entre organisations de producteurs et interprofessions. Il est vrai que ces dernières ont eu tendance à s'assoupir. La loi EGALIM leur a redonné tout leur sens. Les distributeurs y sont entrés, et il est même question d'y inviter des consommateurs. Cela enrichira le débat sur le coût et le prix de revient pouvant être inscrits dans les contrats. En cela, nous pouvons aussi recourir à l'OFPM. J'estime même que si l'interprofession n'aboutit pas à un accord, la décision doit être imposée par cet observatoire. Ce principe a été débattu à plusieurs reprises à l'Assemblée, mais n'a pas été retenu. En matière, le dernier maillon qui n'a pas fonctionné est l'État.