Monsieur le rapporteur, vous êtes en train de nous expliquer que vous aller généraliser le temps législatif programmé, qui jusqu'alors était l'exception. En somme, nous ne faisons que discuter de la longueur de la corde avec laquelle nous allons nous faire étrangler.
Cette obsession de réduire au maximum notre temps de parole est très révélatrice de votre vision du Parlement, dont les membres, selon vous, sont là pour voter mais pas pour parler. Or parler, c'est débattre et convaincre, ce qui est le sens de notre fonction.
Pendant plusieurs mois, la majorité a célébré le Grand débat. Or, au cours de ce Grand débat – et c'est sans doute révélateur de l'idée que vous vous faites du débat démocratique –, nous avons vu le Président de la République parler en long, en large et en travers, quatre, cinq, six, voire sept heures durant, sans même que ses interlocuteurs aient la possibilité de lui répondre. En vérité, on atteignait là à vos yeux le pinacle du débat démocratique. La mise en regard de cette parole jupitérienne toute puissante avec la manière dont vous considérez l'Assemblée nationale, composée de députés godillots qui votent en cadence, tandis que le débat parlementaire est réduit à sa portion congrue, montre bien quelle est votre conception de la démocratie. C'est très grave.