Nous le savons et nous l'entendons. Nous l'avons notamment entendu lors d'une première audition, celle d'une enfant placée, qui nous a expliqué à quel point une telle médiatisation pouvait être néfaste, pour tout le travail positif qui a été fait autour d'elle. Nous en sommes très conscients.
Nous avons visité hier une maison d'enfants à caractère social (MECS) soutenue par l'Association nationale de recherche et d'action solidaire (ANRAS) à Toulouse, qui est dans une démarche absolument constructive et positive. Elle s'appuie sur les capacités des enfants, y compris des MNA, pour rendre l'histoire de l'enfant positive. Nous ne sommes pas dans le drame, malgré les situations que connaissent ces enfants, et que je n'ai pas besoin de vous décrire.
Vous devez aussi nous aider. Est-ce qu'il serait possible d'avoir un état des lieux des bonnes pratiques et de la situation dans les départements, sans faire de stigmatisation ? Nous savons très bien que certains départements sont en avance et que la protection de l'enfance fonctionne main dans la main avec certaines écoles, et pas dans d'autres.
De plus, allons-nous travailler avec une attention toute particulière sur la prévention, les premiers signaux, la vitesse d'appréhension de ces signaux, la façon dont les acteurs, l'éducation nationale, la santé, etc., vont se focaliser sur l'enfant pour que très vite, quel que soit le système, nous puissions mener des actions et éviter de leur faire perdre six mois ou un an ? La question du décrochage scolaire est fondamentale, mais ne demandons-pas tout à l'école. Cette question doit être traitée de manière concertée, avec l'orthophoniste, avec le pédopsychiatre, etc. Mais comment le faire sans perdre ce temps vital qui est le moment du raccrochage et de l'ancrage des enfants ? Excusez-moi du terme, mais, pour la prévention, nous sommes complètement à la ramasse ! Cela m'inquiète, depuis longtemps, mais l'observatoire doit nous permettre d'envisager des solutions, notamment de savoir combien cela coûte, entre un enfant bien suivi, à temps, et un enfant qui s'est un peu perdu pendant un an ou deux ans.
J'en viens à l'accessibilité. À quand un endroit accessible, pour les familles désemparées, moi y compris ? Le docteur Xavier Pommereau, pédopsychiatre de Bordeaux, avait installé une cellule qui, selon moi, fonctionnait plutôt très bien. Des jeunes filles, complètement perdues, avaient directement accès à un lieu où elles pouvaient se retrouver. Dans certains départements, on ne sait pas où frapper à la porte. Je parle bien de la toute première urgence. Pour ces parents, ces adultes qui se sont préoccupés de l'enfant, les enfants eux-mêmes, quel est ce premier lieu ? Ne me dites pas la maison des adolescents ! Ils n'iront pas pousser la porte d'eux-mêmes. Quand il y a le feu, il y a le feu. Je suis stupéfaite que, en dehors des institutions, on ne sache pas donner la réponse !