Intervention de Agnès Gindt Ducros

Réunion du jeudi 25 avril 2019 à 9h15
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Agnès Gindt Ducros, directrice de l'ONPE :

Les lieux qui fonctionnent sont clairement ceux qui ont des projets de service et d'établissement. Nous avons beaucoup parlé des travailleurs sociaux ; n'oublions pas les managers, qui doivent être formés, qui doivent accompagner leurs équipes dans un management de type humain et participatif et qui surtout doivent accepter de regarder les choses en face : la protection de l'enfance est un secteur à haut risque de violence. Une fois que ces violences ont eu lieu, elles ont plus de chances de se reproduire. De véritables projets d'établissement sont donc nécessaires, avec des objectifs clairs qui doivent tous aller dans le sens des besoins et de l'intérêt de l'enfant. Toutes les structures qui fonctionnent bien, et qui connaissent des taux de violence institutionnelle faible, ont de vrais projets de service, y compris dans l'accueil familial. Il est fondamental de travailler en mode projet, avec des objectifs, de regarder les choses en face et de proposer des espaces de paroles pour les enfants et les professionnels.

La littérature a aussi très bien montré que la continuité des parcours est tout aussi cruciale. Des temps de rupture, qui répondent aux besoins de l'enfant, sont parfois possibles. Il est parfois nécessaire d'interrompre un parcours pour le reprendre ensuite ; il faut cependant savoir pourquoi il en va ainsi, accompagner l'enfant et lui expliquer les choses. La notion de continuité est fondamentale.

Concernant les lieux d'accueil, madame Mörch, vous avez dit qu'il ne fallait pas parler des MDE. Crées pour l'accueil, les MDE ont été totalement dévoyées. Elles sont devenues des lieux de soin. Or il nous faut des lieux dont les adolescents puissent pousser la porte, sans qu'ils soient étiquetés « problèmes » ou « santé ». Les collectivités territoriales, notamment municipales, peuvent aussi mener de vraies réflexions sur la question.

Pour les plus petits, il faut favoriser toutes les structures d'accueil, et pas seulement les crèches, puisque tous les parents ne travaillent pas. Il peut s'agir de haltes-garderies. Nous avons publié il y a peu une recherche sur l'expression du tout petit, du nourrisson, en protection de l'enfance.

Cette question du premier accueil est très importante. Il faut absolument s'appuyer sur les professionnels, notamment les infirmeries. Malheureusement, l'infirmerie est mal identifiée comme premier degré d'écoute. Il faut permettre aussi aux enseignants d'avoir des relais. Les enseignants, comme les médecins libéraux, savent que s'ils dénoncent les situations, ils dénoncent la relation pédagogique, tout comme les médecins la relation thérapeutique. Les relais leur permettent de passer la main. Nous avons créé les médecins référents dans les cellules de recueil d'informations préoccupantes (CRIP) pour cette raison. Les enseignants doivent eux aussi pouvoir passer le relais, car ils perdent ensuite la confiance des enfants et des familles. D'autres professionnels de l'éducation nationale peuvent aussi être impliqués, dont les psychologues.

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