Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du vendredi 20 octobre 2017 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Article 12 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je mets de côté l'idée que l'un d'entre vous se lève le matin en se demandant comment il peut favoriser les riches… Je crois que ce que nous confrontons, ce sont deux visions de l'économie à notre époque. Vous croyez à la bienfaisance spontanée de la confrontation des intérêts particuliers. À partir de là, vous pensez que plus ils sont libres, plus le bien général en surgira. J'ai demandé comment vous vous figuriez que cet argent libéré qui ne sera pas payé en impôt – dont vous imaginez qu'il est une punition, alors qu'il n'est rien d'autre qu'une manière de pourvoir au bien général quand on le paie – sera employé. Comment comptez-vous faire ? Le ministre me répond, avec une très grande franchise : le bon sens. C'est le bon sens des Français qui dirigera leur épargne vers l'épargne productive.

Permettez-moi de penser que c'est une vision purement métaphysique. Le bon sens n'a aucune place là-dedans. Cette avant-garde révolutionnaire de notre époque que serait le capitalisme libéré n'existe pas. La preuve en est que les Français achètent moins d'actions qu'il y a dix ans. La preuve en est qu'aucun d'entre eux ne décide directement, depuis son ordinateur, d'acheter des actions. Il le fait par le truchement d'un conseil, lequel appartient à une banque et place par anticipation les produits qu'elle propose. On ne parle pas du bon sens de la personne qui est dans son coin et qui, additionné à celui de tous les autres, finirait par produire le bien général. Cela n'existe pas.

Il faut d'abord considérer ce que nous sommes en train de faire ici. Nous sommes l'intérêt général confronté à l'intérêt particulier. Nous cherchons une régulation, un compromis – car, de fait, le capitalisme a sa propre dynamique. Il ne faut pas tout collectiviser, monsieur le ministre, mais définanciariser l'économie, en supprimant les pouvoirs de vote du capital qui n'est pas engagé depuis suffisamment longtemps – cinq ans, par exemple – et en mettant les productifs à la tête de la production.

Pour conclure par une formule, ce que vous croyez la liberté du capitalisme d'avant-garde, ce n'est rien d'autre que le communisme de l'oligarchie.

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