En ce qui concerne la communication pour le recrutement d'assistants familiaux, nous avons effectivement expliqué ce qu'est le métier, en insistant d'abord sur le fait qu'il s'agit bien d'un métier – bien entendu, s'il était encore plus reconnu, ce serait mieux –, que cette activité est rémunérée, que l'assistant familial n'est pas seul puisqu'il est adossé à une maison d'enfants à caractère social, donc à une équipe, et que les assistants familiaux ne sont donc pas lâchés dans la nature.
Nous sommes au côté des assistants familiaux et de leur famille, car il faut évidemment que celle-ci soit d'accord, faute de quoi cela ne peut pas fonctionner. Nous travaillons aussi – et surtout – sur la formation et sur la question de l'attachement à l'enfant. À cet égard, nous préférons mettre deux enfants dans une même famille plutôt qu'un seul : ainsi, l'attachement est moins fort. La famille d'accueil doit se préparer à l'idée que les enfants qui lui sont confiés ne vont pas rester éternellement : le but est qu'ils réintègrent leur famille.
Nous avons communiqué sur les ondes radio, sur Facebook et dans la presse écrite – j'en ai là un exemple que je pourrais vous montrer. L'essentiel est de bien expliquer en quoi consiste le métier. Ce n'est pas parce qu'on est une bonne mère de famille qu'on peut devenir assistant familial et accueillir un enfant : il faut savoir séparer les choses. Comme le disait Ludovic Maréchal, quand un enfant est placé dans une MECS, le soir, l'éducateur ferme la porte et d'autres personnes prennent le relais ; quand des enfants vous sont confiés, c'est vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, même si, bien entendu, il y a des pauses. Il faut aussi avoir conscience du fait qu'à sa majorité, l'enfant va peut-être partir. Certes, le contact pourra perdurer, mais l'assistant familial doit se dire que ces enfants ne sont pas ses propres enfants, qu'ils lui sont simplement confiés. Il importe donc de prodiguer une formation pour expliquer le métier.
Ayant souvent l'occasion de rencontrer les mineurs qui nous sont confiés, je puis vous dire qu'il y a beaucoup de très beaux témoignages : il est très rare que les familles laissent partir les enfants sans autre forme de procès une fois qu'ils ont atteint la majorité : il y a un suivi, les enfants continuent à venir les voir. J'occupe mes fonctions actuelles depuis 2015, soit presque quatre ans ; je n'ai pas encore vu d'exemple de « mauvaise » sortie, avec des familles qui auraient arrêté du jour au lendemain d'être en contact avec l'enfant. Pour parvenir à ce résultat, il faut, justement, préparer les familles à cette sortie, à l'autonomisation de l'enfant – ce qui est difficile même pour nous, quand nos propres enfants partent de la maison : certains ne veulent plus entendre parler de nous et, à 18 ans, n'ont qu'une envie, celle de partir, quand d'autres préfèrent rester. Eh bien, des Tanguy, il y en a aussi dans les familles d'accueil.
En ce qui concerne les MNA, nous travaillons autant que possible avec la région et l'éducation nationale. Cette dernière est également en rapport avec la région dans le cadre de la garantie jeunes. Nous mettons en oeuvre conjointement des formations d'alphabétisation, qui nous permettent d'avancer. On dit qu'il y a beaucoup de MNA. C'est vrai, mais ce sont des jeunes qui, pour certains, ont traversé des continents, et qui ne sont pas venus pour être dépendants et vivre des allocations : ils veulent apporter quelque chose, quitte ensuite à retourner dans leur pays pour partager leur expérience. Je vous le dis franchement : je ne connais pas de mauvais exemples.
Nous avons instauré une commission, que je préside une fois par mois, chargée d'examiner le cas des jeunes ayant atteint la majorité. Dans ce cadre, nous rencontrons beaucoup d'anciens MNA, mais aussi des majeurs purement mosellans. Nous réfléchissons avec eux à la suite de leur parcours. Nous avons vraiment peu de sorties sèches.