Je vais vous présenter le travail des psychologues dans les UMJ, où ils sont présents depuis la réforme de la médecine légale. Leur activité consiste principalement à dispenser des soins, mais aussi à évaluer les situations, et à réorienter les victimes, le cas échéant, notamment au sein du secteur public. Ils assurent des prises en charge thérapeutiques, puisqu'il y a des psychothérapies au sein des UMJ.
M'occupant exclusivement d'enfants et d'adolescents, je suis fréquemment en rapport avec l'ASE. On a tendance à penser que des enfants qui font l'objet de procédures judiciaires sont déjà potentiellement protégés, mais, comme le disait Caroline Rey-Salmon, ces procédures donnent souvent lieu à de nouvelles révélations : pour ces enfants qui viennent pour des coups et blessures, ou pour du harcèlement à l'école, la procédure est l'occasion de dire ce qui se passe à la maison. Nous transmettons donc beaucoup d'informations préoccupantes (IP) et de signalements, après lesquels nous maintenons évidemment des liens avec les enfants qui, une fois placés, peuvent venir en thérapie au sein de l'UMJ, si nous considérons que c'est pertinent. Il s'agit en particulier de répondre aux difficultés soulevées par la question de la continuité et de la stabilité des soins. Le simple fait de pouvoir joindre quelqu'un par téléphone s'avère parfois compliqué, alors que le jeune peut être demandeur d'un suivi ou d'une prise en charge, que ne permet pas forcément l'organisation du service dans lequel il est placé. Tels sont les traits généraux de l'activité des psychologues au sein des UMJ, mais cette activité obéit, par ailleurs, au fonctionnement propre de chacune.
Outre le Collège des psychologues de médecine légale, existe l'association Centre de victimologie pour mineurs, dont je voudrais maintenant vous parler. Elle contribue à la formation et à l'information, en proposant des outils, notamment aux jeunes et à leurs familles – nous venons par exemple de réaliser un tutoriel expliquant ce que sont les violences sexuelles –, mais aussi et surtout aux professionnels. Il peut arriver que des professionnels, des éducateurs, par exemple, qui amènent les enfants aux UMJ, ne sachent pas ce qu'est un examen gynécologique. C'est plutôt logique, puisqu'ils ne sont pas confrontés, en général, à ce genre de situations. Nous créons donc des outils pour aider les professionnels dans l'accompagnement des jeunes victimes de violences. Face à des situations extrêmement lourdes émotionnellement, ils ont besoin d'outils et d'une formation adéquate pour pouvoir accompagner les jeunes de la meilleure manière, ou, en tout cas, de manière adaptée. D'où l'importance de contribuer à la formation, comme beaucoup de personnes autour de cette table le proposent. Nous organisons aussi des colloques, mais notre but principal reste bien de fournir des outils pratiques aux professionnels, et de les rassurer : il s'agit de mettre en sécurité les professionnels pour qu'ils puissent mettre en sécurité les enfants.