Quant aux autres questions qui ont été posées, je me ferai un plaisir de ne pas répondre à celle sur le déficit de professionnels pédopsychiatres. Il est réel, mais quelles sont les solutions ? J'aimerais les connaître. L'API ne les a pas ; elle a, en revanche, lutté, encore récemment, pour que le changement de la maquette de la formation en psychiatrie ne s'opère pas, une fois de plus, au détriment de la pédopsychiatrie. Cette lutte a été vaine. Or il s'agit d'un point très important pour nous. Par ailleurs, les budgets de l'hôpital public, qui sont très difficiles à identifier, ne rendent pas attractive la spécialité de pédopsychiatrie à l'hôpital public.
Quant aux maltraitances violentes, qu'elles soient physiques ou psychologiques, la psychopathologie parentale vise à éviter certains comportements qui sont violents, mais ne sont pas perçus comme tels. Ces parents ne sont pas méchants, mais ils pensent, par la violence qu'ils exercent, faire au mieux pour leur enfant. C'était très clairement dit dans les témoignages que vous avez entendus.
Il me semble, enfin, que les huit jeunes qui vous ont parlé vous ont dit une chose très intéressante : « Écoutez-nous, l'enfant doit être entendu, mais ne suivez pas forcément ce que nous disons. » Si on lui demande : « Veux-tu être séparé de ta mère ? », l'enfant répondra, lorsque l'on viendra le chercher : « Non, je veux rester. » Devenu adulte, il dira que l'on n'aurait pas dû le laisser auprès d'elle. La lecture de leurs propos doit intégrer ceux qu'ils tiennent après-coup. Les enfants demandent parfois à être extraits du dispositif de protection de l'enfance, notamment par une adoption simple. Il faut se demander s'il ne vaut pas mieux améliorer le dispositif de protection de l'enfance. Il me semble, pour ma part, que ce serait bien préférable.