Monsieur Augustin de Romanet, vous dirigez ADP depuis 2012. L'entreprise fonctionne bien. Son résultat net a doublé en cinq ans. En 2018, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros – en hausse de 24 % par rapport à 2017 – et un résultat net du groupe de 610 millions d'euros – en hausse de 7 %. Votre nomination est l'occasion d'engager avec vous une discussion sur les défis de l'entreprise, que celle-ci reste publique ou qu'elle soit privatisée.
Nous parlions de sa santé financière. Depuis le gel de la privatisation, le cours en bourse d'Aéroports de Paris – 182 euros fin avril – a dévissé aux alentours de 155 euros. Revenons-nous simplement au niveau de 2017-2018, où existe-t-il une réelle inquiétude liée à l'incertitude juridique ?
S'agissant de la privatisation, la loi PACTE supprime l'obligation pour l'État de détenir la majorité du capital. Pour autant, le mode de régulation après la privatisation ne change pas, et les pouvoirs publics conservent une maîtrise totale du niveau des redevances appliquées aux compagnies aériennes. En outre, l'État garde l'intégralité de ses prérogatives actuelles, notamment le contrôle des frontières, de la zone publique, des marchandises et de la sécurité aérienne. Il est important de le redire.
Toutes ces assurances, le ministre de l'économie et les rapporteurs du projet de loi les ont expliquées. Néanmoins, il est un argument que nous n'entendons pas assez : l'intérêt stratégique pour notre pays de faire d'ADP un leader mondial incontesté du secteur aéronautique, que l'ouverture de son capital pourrait accompagner et renforcer. Pourriez-vous éclairer la représentation nationale sur cet intérêt stratégique ?
Au-delà de ce débat, d'autres défis se posent à vous. Premier défi de taille, celui de l'amélioration de la qualité de service : certaines défaillances ne sont pas du seul fait d'Aéroports de Paris, comme les difficultés d'accès routier et ferroviaire. Qu'attendez-vous des pouvoirs publics en la matière ? Comment vous impliquez-vous dans l'amélioration de la qualité de service ?
Vous estimez que la construction d'un quatrième terminal à Roissy y contribuerait, mais permettrait également d'absorber une partie de la croissance du trafic aérien mondial et de ses retombées économiques. Je sais que vous avez à coeur l'acceptabilité de l'activité aéroportuaire sur le territoire. Bien que la réglementation ne l'impose pas, vous avez engagé une concertation publique sur la construction du terminal 4. J'y ai assisté à plusieurs reprises, et des tensions se font toujours sentir avec les associations de riverains sur les conséquences environnementales et en matière de nuisances liées à l'activité aéroportuaire. J'ai eu à coeur de mener le combat contre les nuisances sonores et pour la protection des riverains. Nous avons obtenu des avancées dans le cadre des débats liés à la privatisation de l'entreprise, qui doivent permettre d'améliorer la situation actuelle.