Monsieur Augustin de Romanet, le calendrier veut que nous examinions la proposition de votre nomination, quelques jours après la validation par le Conseil constitutionnel de l'organisation du référendum d'initiative partagée qui vise à contester la privatisation du groupe Aéroports de Paris.
Permettez-moi, avant de vous interroger, de m'étonner de l'alliance de circonstance qui s'est nouée dans les couloirs de notre assemblée pour faire obstacle à la procédure parlementaire. Alliance étrange qui ne doit son existence qu'à l'opportunisme des uns et au reniement des autres. (Protestations.)
Que l'on soit pour ou contre la privatisation d'ADP, on ne peut que regretter cette manoeuvre des oppositions. Ou devrais-je utiliser le singulier, et me réjouir de leur union. (Nouvelles protestations.) De La France Insoumise aux Républicains – les signataires n'ayant pas poussé le vice jusqu'à associer le Rassemblement national –, nos collègues ont trouvé des causes communes pour lesquelles se battre.
C'est une manoeuvre légale certes, mais peu honorable. La décision du Conseil constitutionnel est peut-être conforme à la lettre de notre Constitution, mais elle ne l'est pas à son esprit. En son article 11, cette dernière dispose qu'un tel référendum ne peut remettre en cause une disposition adoptée par le Parlement depuis moins d'un an. Le constituant avait donc à coeur de ne pas opposer démocraties directe et représentative en empêchant les procéduriers de se saisir de la première contre la seconde. En définitive, je crains que cette manoeuvre ne serve ni le Parlement, ni la démocratie, ni la France, ni les Français. Nous ne pouvons que regretter le dévoiement de cet instrument de démocratie directe, dont nous souhaitons, par ailleurs, faciliter le recours à travers la réforme constitutionnelle.
J'en viens maintenant à mes questions, monsieur Augustin de Romanet. Je ferai simple car vous avez déjà partiellement répondu. Vous avez parlé de croissance non soutenable. Comment expliquez-vous que les aéroports de Paris soient si mal classés à l'international ? Est-ce le fruit de l'histoire ou des contraintes réglementaires ? Qui en porte la responsabilité ? Pouvez-vous nous faire un bilan de votre action depuis 2012 pour remédier à cette situation ? Quel en est le résultat ?
Nous examinons actuellement le projet de loi d'orientation des mobilités. Pourriez-vous nous dire – éventuellement à titre personnel –, ce que vous pensez d'une taxe sur le kérosène et sur le « vrai prix » d'un billet d'avion ? Une étude récente met en lumière les conséquences graves pour l'espérance de vie des personnes vivant aux abords des aéroports : quelles sont vos pistes pour réduire encore davantage les nuisances sonores ?