Intervention de Alain Perea

Séance en hémicycle du jeudi 6 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Article 15 bis b

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Perea :

Au-delà des chiffres, nous parlons de deux sujets passionnants, et le second, je crois, nous occupera beaucoup dans les mois à venir.

Le premier, c'est l'aménagement du territoire. Élu de l'Aude, je connais bien ce département. On peut y circuler à 130 kilomètres-heure, sur autoroute, au niveau du noeud de Narbonne, dans ma circonscription. Je viens de parcourir les chiffres du chômage dans l'Aude, en Ardèche et dans le Cantal. Le département de l'Aude est accessible très rapidement : il possède des lignes de train, des gares, tout ce que l'on peut souhaiter. Pourtant, le taux de chômage y est deux fois plus élevé que dans le Cantal, et près de 10 points supérieurs à celui de l'Ardèche.

Par conséquent, dire que, dans des départements comme les vôtres, mes chers collègues, on ne s'en sortira pas à cause d'une différence de 10 kilomètres-heure, cela revient à réduire l'aménagement du territoire à cette seule donnée. Or les choses, comme je viens de le suggérer, sont bien plus complexes.

Cela m'amène au second point, la décentralisation et la responsabilité. Pendant trop longtemps, on a mélangé les responsabilités en décentralisant : tout le monde se déclare responsable mais, dès qu'il faut trouver un coupable, on incrimine l'État ! Dans les départements, lorsque nous avons abordé la question des 80 kilomètres-heure, les présidents de conseil départemental, dans leur grande majorité, ont demandé qu'on les laisse décider : vous allez voir ce que vous allez voir, disaient-ils, nous allons, nous, faire dans la dentelle ! S'ils en sont effectivement capables, comme je le crois, donnons-leur, comme nous l'avons décidé, cette possibilité.

Mais si, de son côté, l'État, comme vient de le rappeler M. le rapporteur, ne veut pas faire dans la dentelle sur les routes nationales, respectez aussi ce choix politique ! Au moins y aura-t-il des décisions claires sur les routes nationales : l'État, et nous-mêmes, députés de la majorité, qui suivrons la mise en oeuvre du texte, nous serons responsables de la vitesse et de la sécurité sur les routes nationales ; les présidents de département et les maires, eux, seront responsables des choix qu'ils auront faits pour, respectivement, les routes départementales et les routes communales. Cela permettra de clarifier les choses.

Au cours des mois à venir, nous aurons un débat similaire sur bien d'autres sujets. Il est très intéressant, car il dissipe l'ambiguïté entretenue depuis de trop nombreuses années quant au partage des responsabilités – qu'il est grand temps de clarifier, comme on l'a bien vu au cours du grand débat. On ne peut pas en permanence demander plus de responsabilités, affirmer que l'on est capable de les exercer, puis se tourner vers l'État dès qu'un problème se pose ! Pour notre part, nous prenons nos responsabilités ce soir ; quant aux autres, il faudra qu'ils assument les leurs !

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