Nous distribuons environ 55 % de nos produits en GMS, et 45 % en magasins spécialisés. À la différence d'autres pays, la France a la chance de compter ces deux types d'acteurs. Cela contribue à une situation équilibrée.
Madame Leguille-Balloy, des productions en première année de conversion vers l'agriculture biologique ne devraient pas être présentées comme bio. Seuls des produits en deuxième année de conversion peuvent être valorisés, à condition qu'ils soient bruts et portent un étiquetage spécifique. Avec les organismes de contrôle et les autorités publiques, nous nous attachons à ce que ce type d'irrespect de la réglementation ne se produise pas.
La restauration collective est un marché potentiel sur lequel notre filière souhaite prendre position. Elle représente toutefois des volumes faibles, en comparaison avec la puissance d'achat des supermarchés. Il n'est pas difficile pour nos entreprises de répondre aux besoins des collectivités, alors qu'il peut être plus compliqué de satisfaire les besoins des hypermarchés et des supermarchés. La difficulté liée à la restauration collective tient plutôt à la faible implication de ses distributeurs vis-à-vis du bio. Ils ont besoin d'être accompagnés pour mieux connaître les approvisionnements et le fonctionnement de nos filières.
Madame Gipson, nos entreprises sont encore trop récentes pour avoir la capacité d'anticiper leurs aléas dans des contrats et des clauses de « revoyure ». Nous avons une trop faible visibilité sur les besoins des grandes surfaces, que peuvent fortement déstabiliser les opérations de promotion. Cette absence de visibilité génère des ruptures. En outre, nos entreprises sont essentiellement de taille moyenne et ne sont pas dotées des services juridiques et de l'expertise nécessaires pour amender les contrats.
Les ruptures d'approvisionnement tiennent essentiellement à la croissance du marché et à notre souci de privilégier les filières françaises. Quand ces dernières ne peuvent pas fournir pas les volumes nécessaires, nous ne souhaitons pas nous dépanner auprès de pays tiers.
Madame Crouzet, les GMS spécialisés dans le bio contribuent au développement accéléré de notre secteur. Jusqu'à présent, le marché s'est construit autour de marques dédiées aux magasins bio, proposant des recettes 100 % bio jusque dans leurs arômes. Les grandes enseignes n'exigeaient pas des recettes aussi pointues. Aussi les entreprises ont-elles bâti des marques distinctes, dont chacune répondait aux attentes spécifiques d'un marché. Aujourd'hui, les enseignes de la grande distribution et les supermarchés spécialisés dans le bio entendent bousculer ces repères et bénéficier de la notoriété des marques spécialisées. Les grandes enseignes se servent de la valeur développée par les marques nationales pour faire avancer leurs propres marques de distributeur (MDD). Pour notre part, nous souhaitons continuer à répondre à chacun des marchés – magasins spécialisés et enseignes grand public.
De nombreux éléments sont volontairement entremêlés par les distributeurs, pour mettre en difficulté les fournisseurs et brouiller les repères des consommateurs. Je pense par exemple à des pratiques commerciales consistant à commercialiser le litre de lait bio à 0,85 ou 0,90 euro. Nous nous efforçons d'expliquer aux GMS que c'est un très mauvais message pour les éleveurs, car de tels tarifs ne les inciteront pas à évoluer vers le bio. C'est aussi un très mauvais message pour les consommateurs, car il laisse croire qu'un produit de qualité peut être moins coûteux qu'un produit conventionnel. Or la qualité a un prix.
Quant à votre question, monsieur le rapporteur, sur les commandes répétées des distributeurs consécutives à une rupture d'approvisionnement, il faudrait que nous demandions à nos adhérents s'ils ont vécu de telles situations.