Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 11 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Article 26 aa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

En cohérence avec le fait de ramener de 2050 à 2040 l'échéance pour la décarbonation complète du secteur des transports terrestres, nous proposons d'avancer à 2030 la fin de la vente des véhicules utilisant des énergies fossiles.

Si j'ai été convaincu par plusieurs collègues de l'opportunité de prévoir une date intermédiaire pour les véhicules hybrides, il faut prendre acte de l'accélération de la recherche dans l'industrie automobile. Je n'ignore pas les problèmes posés, à l'heure actuelle, par notre dépendance envers la Chine en matière de pile électrique. Toutefois, il faut prendre en compte le taux de renouvellement des véhicules : nous aurons sur la route des véhicules à énergie fossile encore dix à quinze ans après la fin de leur vente. Or nous savons d'ores et déjà que les effets du réchauffement climatique seront terrifiants en 2050, date correspondant à la fin de l'usage de ces véhicules.

Monsieur Barbier, si je suis, moi aussi, très attaché à l'industrie, je suis surtout, comme vous, attaché à l'industrie du futur, à celle qui produira pour le marché de demain. Nous devons accompagner sa mutation, pour ne pas la subir ; ce que vous avez dit des turbines à gaz est tout à fait exact. Nous devons anticiper dans une logique de prospective. L'État et l'industrie doivent avoir la capacité de penser les moteurs et les véhicules du futur.

Monsieur Aubert, vos préoccupations relatives au pouvoir d'achat sont décalées par rapport au choc que provoquera, en la matière, le changement climatique. Tous les rapports de la FAO – Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture – et de l'INRA – Institut national de la recherche agronomique – sont terrifiants, s'agissant de l'impact du changement climatique sur le coût de l'alimentation, en raison de la raréfaction des nutriments ; des problèmes alimentaires se poseront.

En outre, sans mener une analyse prospective approfondie sur le budget alimentaire des ménages en 2040 ou en 2050, je voudrais évoquer un problème très concret, auquel chacun pourra s'intéresser pour sa circonscription : chez nous, les syndicats des eaux sont en train d'imaginer, pour faire face aux chocs hydriques comme la pénurie d'eau ou les différents stress hydriques, des systèmes de sécurisation de l'alimentation en eau potable, qui peuvent représenter entre 15 et 25 % du coût de l'eau potable. Ce surcoût de l'alimentation en eau potable, qui représentera 1 euro, parfois 2 euros, aura une incidence considérable dans le budget des ménages modestes.

Ainsi, lutter contre le changement climatique et l'anticiper, c'est protéger les emplois de demain et le pouvoir d'achat de nos concitoyens.

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