Intervention de élisabeth Borne

Séance en hémicycle du mardi 11 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Article 26 aa

élisabeth Borne, ministre chargée des transports :

Monsieur Potier, le Gouvernement est parfaitement conscient de l'urgence climatique. Je m'inscris en faux contre ceux qui voudraient laisser entendre, ou qui croient peut-être, que le rapport publié par le GIEC en octobre 2018 a rebattu toutes les cartes. Je l'ai lu très attentivement, et j'imagine que vous aussi. Vous aurez noté qu'il confirme, au contraire, que nous avons une bonne stratégie. Il indique qu'il faut chercher à limiter la hausse des températures à 1,5 degré, plutôt qu'à 2 degrés. Il rappelle que nous n'atteindrons pas cet objectif par une seule mesure, mais qu'il faut mobiliser l'ensemble des leviers, dans tous les secteurs, en sollicitant l'ensemble de la société, au niveau mondial.

Le rapport s'interroge effectivement sur la mobilisation de certains pays, notamment de la Chine, qui produit 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ou des États-Unis, qui en produisent près de 15 %. En France, nous sommes parfaitement conscients de l'urgence climatique. Nous avons bien pris en compte les conclusions du rapport du GIEC d'octobre 2018 : nous cherchons à limiter le réchauffement à 1,5 degré. C'est sur cette base que nous avons bâti la stratégie nationale bas-carbone, qui vise à réduire de 42 % les émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2030, ce qui est compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 degré. Nous le faisons dans tous les secteurs, en agissant sur tous les leviers. Dans le secteur du transport, par exemple, nous augmentons la part des véhicules à faibles émissions dans notre parc, en nous fixant un objectif de 16 % en 2028. Pour limiter le réchauffement à 1,5 degré, le GIEC préconise un objectif de 9 à 18 %.

Comme l'a dit M. le rapporteur, nous atteindrons cet objectif grâce au succès de la prime à la conversion. Vous aurez noté que nous avons révisé l'objectif à la hausse : nous sommes passés de 500 000 à 1 million de primes à la conversion, ce qui n'est pas rien. Nous donnons des avantages fiscaux aux véhicules propres, prévoyons une nouvelle organisation des mobilités – c'était l'objet du titre I – et fixons des priorités claires pour nos investissements : les trois quarts seront consacrés au transport ferroviaire ; 2,6 milliards d'euros seront affectés au développement des RER autour des grandes métropoles. Nous nous fixons l'objectif de doubler le nombre de voyageurs qui empruntent les TER chaque jour, en le faisant passer de 500 000 à 1 million. C'est l'ensemble de ces leviers qui nous rend confiants dans l'atteinte de l'objectif de réduction de 42 % des émissions de dioxyde de carbone en 2030, qui est compatible, je le répète, avec la limitation du réchauffement à 1,5 degré.

Il faut agir ainsi, et non sortir d'un chapeau un objectif qui ne correspond pas au travail engagé avec les industriels et les acteurs de la mobilité, et à celui qu'il faut mener avec les citoyens pour qu'ils aient davantage recours au covoiturage. Je répète que c'est un moyen très simple et très rapide de réduire les émissions de dioxydes de carbone : quand vous êtes deux dans une voiture, vous en émettez deux fois moins que si chacun prend sa voiture. J'émets donc un avis défavorable sur ces amendements.

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