Intervention de Frédéric Barbier

Séance en hémicycle du mardi 11 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Article 26 aa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Barbier :

Nous voyons bien que le débat tourne autour des délais jugés nécessaires pour adapter nos territoires industriels. Nous employons de nombreux termes techniques, et il importe de remettre de l'humain dans la discussion.

Peu ou prou, deux millions de Français travaillent directement ou indirectement pour l'industrie automobile. Nous savons pertinemment que le déclin du moteur thermique et la montée en puissance du véhicule électrique détruiront de l'emploi sur l'ensemble de nos territoires. Nous savons également que la fabrication d'un véhicule électrique nécessite 40 % de main-d'oeuvre en moins que celle d'un véhicule thermique, et que le rapport est même de un à sept pour ce qui est de la partie motorisation.

Le Gouvernement, notamment le ministre de l'économie et des finances, dont je salue les propos, a fait des annonces très fortes et, à mon avis, très intéressantes au sujet de la filière batterie. En tout cas, ne reproduisons pas ce que nous avons fait en matière de photovoltaïque, en développant des besoins pour des équipements que nous ne construisions pas en Europe. Je pense donc qu'avant de construire des véhicules électriques, nous devons nous doter d'une filière batterie.

Si nous voulons remettre de l'humain dans cette loi, ce qui me semble primordial, nous devons envoyer un message très clair à l'ensemble des territoires. J'ai présenté deux amendements en ce sens. Le premier n'a pas passé le seuil de l'article 40, mais pourra, je l'espère, être examiné lors de la discussion du projet de loi de finances. Le second est le présent amendement : il faut, à mon sens, identifier les territoires dans lesquels la transition écologique en matière de mobilités aura un très fort impact sur l'emploi ; ce sont ceux où est implantée l'industrie automobile. Il faut également assurer un suivi, non pas tous les cinq ou dix ans, mes chers collègues, mais tous les ans, car tout ce qui est sous contrôle s'améliore !

Un délai de vingt ans peut sembler long, mais, moi qui connais bien l'industrie, je puis vous assurer que c'est excessivement court, car nous parlons de recherche et développement, d'investissements considérables à réaliser, de formation professionnelle pour l'ensemble des salariés et, dans de nombreux cas, de diversification. Tout cela mérite, à mon sens, un suivi annuel.

L'autre amendement, qui n'a pas été jugé recevable, visait à accorder les moyens financiers aux régions pour permettre cette adaptation de l'industrie, la formation des salariés et l'adéquation des territoires à ces nouvelles politiques de mobilité. Cela me semble très important.

Pour l'heure, par cet amendement, je souhaite que l'on écrive très clairement dans le texte – sans faire d'ironie, quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ! – que nous allons identifier les territoires industriels susceptibles de payer un tribut élevé à cette reconversion, à ce changement de fabrication et de motorisation de nos véhicules, de façon à bâtir une véritable stratégie industrielle d'accompagnement de ces territoires.

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