Nous étions nombreux dans cette commission, mais aussi, plus largement, dans l'hémicycle, à attendre ce projet de loi relatif à l'énergie et au climat, sujet dans lequel nombre d'entre nous sont investis et que, personnellement, je considère comme le plus important de ce siècle. Les résultats des dernières élections nous ont montré que cette question était devenue une grande préoccupation pour une partie significative des citoyens européens, des jeunes en particulier. Vous comprendrez, madame la secrétaire d'État, que nous attendons beaucoup de ce projet de loi.
L'article 1er est tout à fait en ligne avec les attentes du groupe MODEM et apparentés : il est essentiel de se donner des objectifs ambitieux et atteignables. Nous pensons que la neutralité carbone en 2050, à l'échelle du territoire national, est un objectif que nous devons et pouvons atteindre. L'article 2 est aussi très important : le Haut Conseil pour le climat nous permettra de contrôler de façon permanente si nous sommes bien sur la bonne trajectoire.
Mais nous pensons qu'il manque un élément important pour que la transition puisse se réaliser. La transition énergétique dans laquelle nous nous sommes engagés va, en trente ans, en une génération, ce qui est très rapide, totalement changer nos modes de vie, notre habitat et la façon de nous chauffer, celle de nous déplacer ainsi que nos méthodes de travail. Pour réussir une telle révolution, il faut y associer toute la nation. Chaque Français doit comprendre pourquoi on le fait. Il faut que chacun puisse s'imaginer dans ce nouveau monde, qui sera très différent, et identifier les chemins qui vont nous y conduire. Les premiers embarqués dans cette immense transformation doivent d'abord être les représentants de la nation que nous sommes. Or, nous ne sommes impliqués que dans des bribes de la discussion.
Notre mix de consommation d'énergie est le suivant : 63 % d'énergies fossiles, 20 % d'énergie nucléaire et 17 % d'énergies renouvelables. Réduire le débat parlementaire à la seule part du nucléaire dans ce mix n'est pas suffisant. Le débat sur le nucléaire est très important, mais aussi important que celui sur les 63 % d'énergies fossiles que nous allons devoir remplacer, en trente ans, par des énergies renouvelables. L'Assemblée nationale doit pouvoir échanger et se prononcer sur les sujets suivants : combien d'énergie éolienne et solaire pouvons-nous produire sur le territoire national et à quels endroits ? Comment devons-nous structurer nos énergies hydraulique et nucléaire pour équilibrer les fluctuations des énergies renouvelables ? Où diriger l'argent public pour isoler nos habitats et améliorer l'efficacité énergétique ? Combien d'énergie la biomasse peut-elle produire, sans utiliser pour autant les surfaces agricoles alimentaires ? Comment voulons-nous utiliser les biogaz : pour la mobilité ou le chauffage ? Comment pouvons-nous développer rapidement une filière hydrogène propre ?
Au groupe MODEM et apparentés, nous croyons à la diversification des énergies. Parler dans ce texte uniquement du nucléaire ne permet de traiter la thématique de l'énergie et du climat que sous un seul aspect. Nous espérons que, dans le cadre de l'examen en commission, puis en séance, nous parviendrons à introduire dans ce texte des dispositions aussi importantes que le biogaz, l'hydrogène, l'hydraulique, l'éolien ou le solaire. Tous ces sujets sont d'une importance capitale. Les discuter dans notre assemblée permettrait de montrer à nos concitoyens qu'ils sont au centre de nos préoccupations et que nous nous posons les bonnes questions pour réussir cette transition énergétique, qui est aussi une transformation de nos façons de vivre et, partant, de notre société.