Madame la ministre, vous avez missionné au début de l'année 2019 le préfet Philizot pour définir dans toute la France une stratégie pour les lignes ferroviaires de desserte fine du territoire. Le 4 mars dernier, vous avez déclaré sur France Inter : « On doit bâtir avec les régions un véritable plan de bataille dans lequel on ne peut plus accepter des lignes qui ferment du jour au lendemain sans qu'on ait proposé une alternative. »
Jamais dans votre réponse ni dans votre lettre de mission, vous n'avez mentionné ni envisagé le maintien des trains, même de façon hypothétique. Vous avez demandé au préfet Philizot un travail d'identification des différentes solutions techniques, organisationnelles, financières et contractuelles permettant d'assurer au meilleur coût la rénovation et l'exploitation de ces lignes.
Or, dans le détail, certaines orientations inquiètent, en particulier lorsqu'elles évoquent « la possibilité de mettre en oeuvre des schémas de gestion et de transport innovants ». Depuis, différents acteurs du dossier, décideurs et élus, s'adonnent à un véritable concours Lépine des alternatives : ôter les rails de certaines lignes pour poser du macadam et faire circuler des cars, installer des rails sur bitume et des trains sur pneus. Le préfet Philizot lui-même, pourtant connaisseur du dossier ferroviaire, envisage la possibilité de réutiliser des voies pour faire autre chose que du train. Dans les faits, la seule alternative proposée aux usagers de la trentaine de lignes fermées depuis 2010 est le car. Tant pis pour les personnes âgées, handicapées ou qui souhaitent aller travailler ou transporter leur vélo. L'exigence de trains réguliers est aussi un des critères de choix d'une destination touristique.
Quand un train est remplacé par un car, environ 30 % des voyageurs reprennent leur voiture individuelle…