Cet amendement fort argumenté – je vous ai épargné la lecture de l'ensemble de son exposé sommaire – visait surtout à tenir compte de l'affaiblissement de certaines ressources dites pérennes, mais qui, pour des raisons structurelles, manqueront demain. L'abandon de la trajectoire carbone, par exemple, va peser sur le financement des infrastructures et empêcher d'atteindre le niveau d'entretien et d'équipement certainement indispensables à la transition énergétique.
Et puis cette proposition de grand emprunt est aussi un appel à prendre en compte une réalité très claire, celle que rappelle Jean Pisani-Ferry dans un article paru dans Le Monde en octobre dernier : « Il serait légitime de nous endetter pour équiper le pays, investir dans les compétences ou accélérer la transition écologique. Mais nous n'osons pas le faire. En revanche, nous le faisons sans vergogne pour consommer. Or, rien ne justifie de léguer aux générations futures un double passif, financier et écologique. »
Par conséquent, les emprunts sont vertueux dès lors qu'ils permettent à terme de résoudre la dette écologique et de reconstituer des ressources viables et pérennes, notamment conjointement à une nouvelle taxe carbone que notre groupe appelle de ses voeux. Chacun a bien compris qu'il s'agit d'un amendement d'appel pour reconsidérer l'investissement du temps long afin de permettre, dans un contexte financier extrêmement favorable – puisque les conditions d'emprunt à long terme n'ont jamais été aussi favorables – d'envisager la modernisation de l'appareil ferroviaire, modernisation capitale pour la génération qui vient.