Cela s'est fait progressivement, autour de 1995. Lors des sessions à Bruxelles, il manque cette profondeur de champ qui permet d'examiner correctement les sujets, et qui donnait aux parlementaires européens un rythme de travail extrêmement satisfaisant. De fait, on a mis deux musiques sur le même sillon : une musique strasbourgeoise avec un rythme mensuel, et une musique sur le rythme bruxellois. Le rapport sur les conditions d'élaboration de cet hémicycle, qui avait pourtant été fait par un Anglais, Lord Tomlison, avait été extrêmement sévère.
La majorité est clairement en faveur du transfert à Bruxelles, mais nous n'avons aucune raison de considérer qu'une institution doit définir elle-même sa localisation. Nous sommes dans un système global auquel appartiennent le Conseil européen, le Conseil de l'Union, la Banque centrale européenne, la Cour de Justice, la Cour des comptes, l'ensemble des agences. Cela forme un tout, qui n'appartient pas en propre à chaque institution. C'est pourquoi le système est défini par le traité : il prend sa place dans un équilibre global. Si l'on demandait à chaque institution ce qu'elle souhaite, elle choisirait sans doute Paris ou Venise, mais ce serait totalement irrationnel.
Il faut se battre parce que notre combat est légitime. J'ai cependant une interrogation qui rejoint un peu l'amendement de M. Ludovic Mendes. Comment nommer Strasbourg ? C'est une des capitales, assurément, de l'Union européenne et de l'Europe. Cependant, « diplomatique » me paraît restrictif. Le Parlement européen n'est pas une instance diplomatique, mais une instance démocratique. L'expression « siège européen » est très elliptique. Je n'ai pas de solution toute faite, mais une interrogation sur la façon de qualifier cette cité, que je dirais sans pareille.