Intervention de Bruno Gollnisch

Réunion du jeudi 13 juin 2019 à 9h20
Commission des affaires européennes

Bruno Gollnisch, membre du Parlement européen :

Le problème du siège du Parlement européen n'est pas nouveau. Déjà évoqué en 1986 à la commission des Affaires étrangères de votre Assemblée, il est pour moi emblématique de l'impuissance de la France à défendre ses intérêts légitimes.

Le maintien du siège strasbourgeois du Parlement européen est intenable dans la durée et fait face à des manoeuvres frauduleuses de nos partenaires. Alors que les sessions plénières sont censées se tenir à Strasbourg et les réunions de commissions et de groupes à Bruxelles, on a assisté en réalité à la multiplication des réunions du bureau du Parlement européen à Bruxelles. Celles-ci ont ensuite été élargies à l'ensemble des députés, afin d'entendre des communications du Conseil. Puis on a fait suivre ces communications de débats avant d'organiser des votes. La raison de ne pas aller à Strasbourg, nous la connaissons, c'est l'urgence, ce qui est bien pratique, il faut le reconnaître. Et malgré ces manoeuvres, la France n'a jamais réagi.

Et que dire de l'existence d'un hémicyclique à Bruxelles ? Il n'a pas lieu d'être, puisque les sessions plénières ont toutes lieu à Strasbourg. Pourtant, il a bien été construit, par des fonds privés, et il est d'ailleurs loué à un tarif exorbitant.

Une autre manoeuvre est la réduction du temps des sessions plénières. Celles-ci commencent en réalité lundi soir et se terminent jeudi midi. Résultat, les députés européens passent moins de trois jours à Strasbourg par mois.

En définitive, il faut se rendre à l'évidence. Si le Parlement européen avait le choix de son siège, un quart d'heure suffirait à lui faire choisir Bruxelles. Strasbourg en tant que symbole de la réconciliation franco-allemande avait du sens, il y a longtemps. Pour la plupart des États membres, il ne signifie plus rien aujourd'hui, sinon des contraintes et un surcoût. D'ailleurs, j'attire votre attention sur une contradiction. On ne cesse d'appeler au renforcement du Parlement européen, de ses pouvoirs, et pourtant, on l'empêche de choisir son lieu d'implantation.

En ce qui concerne les chiffres, ceux-ci sont largement trompeurs. Le rapport met en avant la liaison TVG entre Paris et Strasbourg, mais est-ce vraiment le Parlement européen qui l'a motivée ? Quelle est l'utilité pour un parlementaire venant de Faro au Portugal d'avoir un TGV direct depuis la Gare de l'Est ? Air France, de son côté, a supprimé le vol Paris-Strasbourg et rien n'est plus compliqué que de s'y rendre depuis les grandes villes européennes par avion. De toute façon, si comme moi vous avez fréquenté cet aéroport, vous saurez qu'il est indigne du statut que revendique Strasbourg, sans salon d'honneur ni même un salon business. Quant aux manifestations organisées par les collectivités territoriales, elles se réduisent à la portion congrue. Le dîner annuel offert aux parlementaires a ainsi été récemment supprimé pour faire des économies. L'hôtellerie, enfin, est hors de prix les jours de sessions.

Les rapporteurs l'ont rappelé : Strasbourg dispose d'une université. Tant mieux mais quel est le lien avec les activités parlementaires ?

Enfin, que dire du bâtiment lui-même. Certes, c'est une prouesse architecturale mais les parties communes ne sont pas accueillantes, les bureaux exigus – encore plus qu'à Bruxelles – et les ascenseurs sont encombrés.

Je crains en réalité qu'il ne soit trop tard pour Strasbourg et que les jeux soient largement faits.

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