Intervention de Thierry Michels

Réunion du jeudi 13 juin 2019 à 9h20
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Michels, rapporteur :

Cela lui permettrait de faire bénéficier les compagnies aériennes de taxes d'aéroport qui soient équivalentes à celles des autres aéroports. Aujourd'hui, elle est plus élevée. Dans le cadre du contrat triennal, un effort est fait puisque les collectivités locales et l'État prennent en charge une partie du surcoût et il faut le pérenniser par l'intermédiaire d'un statut différent. Aujourd'hui, il existe des lignes dites « à obligation de service » notamment parce qu'il n'y a pas assez de gens qui viennent à Strasbourg. Il y a donc des investissements qui sont faits et qui ne sont pas directement liés au Parlement européen mais qui renforcent le rayonnement de la ville en créant de l'activité dans le domaine universitaire, de la recherche, de l'économie. Davantage de gens veulent venir à Strasbourg, cela contribue donc à développer la ville et renforce son accessibilité.

Je pense que nous avons un levier très important avec la relation franco-allemande. Je mets beaucoup d'espoir dans la nouvelle Assemblée parlementaire franco-allemande qui peut être l'endroit dans lequel les parlementaires français et allemands retravaillent sur ces questions de la construction européenne qui n'est pas exclusive, il y a des États qui sont membres fondateurs et ont un rôle particulier.

Il a été rappelé que Strasbourg avait changé quatre fois d'État en un siècle. Il s'agit là d'un symbole, qui permet de rappeler le sens de la construction européenne. Quel meilleur endroit pour faire venir des écoles de l'Europe entière que Strasbourg ? Nous avons besoin de l'administration européenne, mais la démocratie européenne est implantée à Strasbourg, avec le Conseil de l'Europe, la Cour européenne des Droits de l'Homme et les lieux de mémoire qui nous rappellent ce dont nous ne voulons pas. Le regain de participation aux élections européennes montre que les citoyens européens pensent finalement qu'il est important de continuer à se battre encore et toujours pour la démocratie européenne. Sans la démocratie et sans la paix, il ne peut pas y avoir de prospérité.

Sur le problème du fonctionnalisme, chacun regarde la situation à l'aune de la démonstration qu'il veut faire. Il est donc extrêmement difficile d'avoir des chiffres précis. Par exemple, les chiffres relatifs à l'empreinte carbone viennent d'extrapolation de notes internes. Il n'y a pas réellement de travail sérieux sur ce point. Il faut que nous assumions ce coût, c'est le coût de la démocratie. Nous avons fait le calcul : le surcoût lié au fait que l'on ait plusieurs lieux de travail revient à six centimes d'euros par citoyen européen et par an. Ce serait évidemment plus efficace de tout rassembler à Bruxelles. Les Français ne revendiquent pas que tout revienne à Strasbourg, même si cela pourrait être une idée. On ne peut pas revenir sur le passé, mais nous affirmons notre attachement politique à ce siège à Strasbourg.

Ensuite, nous pouvons travailler à réduire les coûts. En ce qui concerne les fadaises sur le transport des malles montrées dans de nombreux reportages, il devrait être aisé d'y mettre un terme par le recours à l'informatique. C'est également la responsabilité du Parlement européen de mettre en oeuvre des moyens de vidéoconférence efficaces, de travail à distance, dans une Europe où de toute façon les gens sont appelés à travailler en réseau. Quand vous voulez travailler avec Frontex, vous devez être en vidéoconférence avec la Pologne, vous n'allez pas nécessairement prendre l'avion pour aller à Varsovie pour toutes les réunions. À Strasbourg, en vase clos, les Européens parlent aux Européens, ils ne rentrent pas dans leurs familles le soir, ils travaillent. C'est le lieu des rencontres, des échanges, les Commissaires sont disponibles, on peut tomber sur eux par hasard, ce sont souvent ainsi que se font les meilleurs échanges. On pourrait imaginer l'implantation à Strasbourg d'un certain nombre de services, tout ceci doit se faire en accord avec le Parlement européen. En tant que parlementaires français, nous ne pouvons que favoriser l'action française en la matière, mais le Parlement européen a aussi une responsabilité et nous ne pouvons que l'encourager à s'en saisir.

Nous sommes tous conscients de la difficulté, c'est aujourd'hui à nous qu'incombe la nécessité de dire que la France joue un rôle en Europe, que nous sommes honorés d'accueillir le Parlement européen et que nous allons politiquement oeuvrer dans ce sens. J'espère donc que la proposition de résolution européenne que nous vous soumettons en ce sens sera adoptée.

Nous pouvons donner aux collectivités locales le moyen d'agir pour l'attractivité au niveau de l'Union européenne, mais le Parlement européen doit aussi travailler sur sa propre organisation, c'est une responsabilité qui lui revient. Vos commentaires montrent bien que nous sommes tous conscients des difficultés, mais en oeuvrant dans la même direction, nous pouvons réellement faire une différence.

Le Parlement européen est la cheville ouvrière de la démocratie européenne, et la France est fière et honorée de l'accueillir, mais elle doit affirmer sa volonté de lui donner les moyens nécessaires à un travail de qualité. Nous espérons que l'adoption de notre résolution constituera un signal fort dans cette direction.

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