Vos questions sortent un peu du domaine financier, mais après tout, l'évaluation peut porter sur tous les sujets, notamment les questions sociales et économiques.
L'enseignement agricole est une pépite. J'en ai fait une priorité dès mon arrivée à ce poste, mais d'année en année, de moins en moins de jeunes s'y inscrivent. Pendant dix ans, nous avons regardé nos lycées agricoles se vider de leurs élèves sans réagir. Heureusement que ces établissements comprennent des classes de seconde, première et terminale générale : sans elles, nous aurions dû fermer nombre d'entre eux.
Vous relayez à raison les craintes des enseignants et des parents d'élèves. J'essaie de les rassurer depuis que je suis arrivé, mais la situation est très compliquée. Nous avons décidé de ne fermer aucun établissement, aucune classe, mais il a fallu jouer sur les seuils car il y a moins d'élèves. Avec Muriel Pénicaud et Jean-Michel Blanquer, nous avons lancé une grande campagne de communication appelée : « l'aventure du vivant ». Ce fut un succès sur les réseaux sociaux, avec 12 millions de clics et de vues. Notre souhait est d'avoir 20 000 élèves supplémentaires dans les deux ans ; si nous n'y parvenons pas, nous serons obligés de prendre des mesures très difficiles.
Pourtant, l'enseignement agricole est le seul réseau présent dans toute la ruralité, avec des établissements publics, des établissements privés, et les MFR. Je ne fais aucune différence entre les lycées d'enseignement technique agricole publics, privés et les MFR, les trois forment la famille de la formation agricole, ils sont tout aussi importants les uns que les autres et jouent des rôles totalement différents. Je soutiens beaucoup les MFR car elles travaillent en zone rurale, et elles récupèrent des enfants qui n'iraient pas ailleurs. Le système d'internat obligatoire m'est particulièrement cher : sans ces MFR, beaucoup de ces enfants ne trouveraient aucun autre établissement d'enseignement. Où iraient-ils ?