Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, mesdames les rapporteures, monsieur le rapporteur – au singulier, car je note qu'il manque M. Fugit – , c'est au terme d'un long débat, dont nous voulons saluer la qualité et l'esprit, que nous abordons le vote du présent projet de loi. Nous le savons de part et d'autre, nous restons éloignés des moyens qu'il conviendrait de déployer afin d'assurer le transport pour tous et en tout point du territoire, dans le cadre d'une politique de préservation de notre environnement.
Trois considérations majeures guideront notre vote.
En premier lieu, le projet de loi d'orientation des mobilités, dit LOM, est dominé par une logique de libéralisation du secteur des transports – nous n'avons cessé de le répéter. Un an après l'adoption du projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire, qui a entériné l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs par le train, c'est au tour de la RATP d'être promise aux lois du marché dans la décennie à venir.
Ainsi, deux outils majeurs des déplacements quotidiens des Français vont être tout à la fois définitivement pénétrés par les règles de gouvernance du privé, la logique de la filialisation, la recherche d'une rentabilité maximale afin de dégager des bénéfices pour les actionnaires, et exposés à la concurrence féroce des entreprises de transport privées.
Nous soutenons que ces choix politiques se traduiront par une détérioration qualitative et quantitative de l'offre de transports, en particulier des transports de proximité, auprès des populations isolées socialement, géographiquement et en proie à des difficultés de tous ordres. Nous soutenons aussi que cette libéralisation sera à moyen terme synonyme d'augmentation des tarifs pour les passagers.
Vous suivez la même logique avec la dérégulation méthodique des professions consacrées au déplacement individuel des personnes. Les écoles de conduite, les taxis sont mis à l'épreuve, au profit des plateformes ubérisées. Ces dernières sont les grandes gagnantes du projet de loi, consolidées qu'elles sont dans leur capacité à rafler le marché des nouvelles mobilités que les autorités organisatrices de transport ont bien du mal à organiser – j'y reviendrai. À chaque fois, avec cette logique, le statut des salariés est dégradé, voire purement et simplement nié.
En second lieu, le présent projet de loi ne comprend aucune mesure de portée générale, qui garantirait un coût plus solidaire et écologique pour les transports. Vous avez écarté toute possibilité d'accompagner les villes et agglomérations qui mènent des expériences de gratuité dans leurs réseaux de transport urbain. Nous pensons, pour notre part, que ce choix politique va continuer à s'affirmer et que le débat n'est pas clos. Quant à l'application de la gratuité en deçà d'un certain seuil de ressources, ou à titre temporaire lorsqu'un pic de pollution restreint obligatoirement les circulations en véhicule léger, ce sont deux questions brûlantes, au coeur de l'actualité, qui n'ont pas trouvé un début d'ouverture de votre part. Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que vous ayez fermement rejeté la proposition des députés communistes d'abaisser la TVA sur les transports de 10 % à 5,5 %, ce qui aurait contribué, selon nous, à faire diminuer le prix du ticket.